L’Estonie n’est pas membre du Mémorandum de Paris. Cet accord signé en 1982 après les naufrages de l’Amoco-Cadiz et du Tanio organise une collaboration régionale pour contrôler de façon harmonisée les navires étrangers dans les ports des Etats signataires. 10 % des visites sont suivies de retenues de navires. 13 pays de l’Union Européenne en sont membres, plus la Pologne, la Croatie, la Fédération de Russie, le Canada et l’Islande. Les pétroliers de plus de vingt ans sont particulièrement ciblés même si l’insuffisance des moyens humains, notamment en France, empêche des visites systématiques. En Estonie, le référentiel des inspecteurs et le déroulement des visites de sécurité ne correspond pas aux standards du Mémorandum. La flotte estonienne héritée du démantèlement de la flotte soviétique a une moyenne d’âge élevée, et il n’est pas étonnant que l’Estonie ne s’effarouche pas outre mesure de l’âge et de l’état du Byzantio.
Selon les déclarations d’un inspecteur français désireux de garder l’anonymat, la visite d’inspection devrait au minimum durer trois jours: une journée pour inerter et sécuriser toutes les citernes visitables en collaboration avec l’équipage, et deux jours pour la sélection et l’inspection des structures les plus vulnérables: cuves, cloisons, dispositifs anti-pollution… Cette sélection puis les contrôles visuels doivent s’effectuer avec l’entière coopération de l’équipage sur un navire strictement à vide. Selon le même spécialiste, la visite doit s’appuyer – c’est fondamental – sur les rapports effectués par Det Norske Veritas à Rotterdam et sur les rapports antérieurs. L’usure des tôles extérieures et intérieures de l’ensemble de la coque et de chacune des citernes est un point crucial. Seuls les rapports de Det Norske Veritas, s’ils sont loyaux, peuvent à cet égard orienter le travail des inspecteurs.
Trop de lacunes, de défauts, d’opportunisme accablent les gestionnaires du Byzantio. Ce navire ne doit plus être autorisé à transporter du fuel lourd, ni en Europe, ni ailleurs. Ce vétéran doit sortir de la flotte avant d’effectuer comme l’Erika et le Prestige le voyage de trop.
Imprimer cet article