Kuivatsu : chronique d’un navire ordinaire
Parti de Ventspils en Russie à destination de l’Espagne avec une cargaison de 7500 m3 de bois issus de la surexploitation de la forêt Sibérienne, le KUIVATSU 135 mètres, 6000 tonneaux, et 27 ans bat pavillon Estonien depuis l’éclatement de l’ex-union Soviétique. Sa société de classification est la Russian Register.
Bien qu’ayant sa cargaison désarimée, la lisse tribord arrachée sur 20 mètres et 15 degrés de gîte, le KUIVATSU n’est pas rentré spontanément dans le port de Cherbourg.
Tours-sur-Amazone
A Tours les maîtres-d’oeuvre de la passerelle de 235 m de long sur le Cher, dont la construction vient de débuter, veulent piétiner la biodiversité amazonienne tout en ignorant les richesses forestières de la région Centre.
730 m2 de platelage en Angelim vermelho (Dinizia excelsa) sont prévus par l’entreprise Freyssinet pour équiper l’ouvrage. L’aire de répartition de l’Angelim vermelho, du bassin amazonien au plateau des Guyanes, est une jungle d’exploitations forestières non-durables, dont beaucoup agissent dans l’illégalité. Les arbres coupés ne sont jamais replantés, les forêts résiduelles après exploitation sont incendiées pour laisser place à des monocultures ou des élevages extensifs. La Guyane française ne produit pas d’Angelim vermelho.
Selon Alain Spielmann, architecte de la passerelle, le bois fourni par Freyssinet proviendrait du Surinam. Les sociétés forestières malaisiennes, indonésiennes et chinoises exploitent massivement les forêts de ce pays, dégradant d’immenses surfaces – au total 1,5 million d’hectares de concessions – pour s’assurer un volume industriel d’essences d’exportation à bas prix.
L’impair d’argent
Objet: remise de “l’Equerre d’argent”à l’architecte Marc Mimram
La remise du prix de “l’Equerre d’argent” aujourd’hui par Madame Tasca, ministre de la Culture, à Marc Mimram, architecte et maître-d’oeuvre de la passerelle Solférino à Paris, ne récompense que l’utilisation exclusive de bois tropicaux surexploités, coupés dans des forêts primaires menacées, et promotionnés par des filières commerciales aux mauvaises pratiques.
Versailles renaît, Fausses Reposes meurt
Lundi 20 mars 2000, les premiers arbres vont être replantés dans le parc du Château de Versailles dévasté par la tempête du 26 décembre 1999.
Le même jour, il est prévu d’abattre des chênes, des chataîgniers, des frênes et des érables de haute futaie dans la forêt de Fausses Reposes dans le périmètre de protection du Château de Versailles. Des grands arbres centenaires qui ont magnifiquement résisté à la tempête vont être abattus pour faciliter les travaux et déposer les remblais de l’échangeur de l’autoroute A13.
Motus et bouche cousue
La France est en train de commettre une erreur. Loin de son credo et de sa vitrine du développement et de l’aménagement durables, le Ministère de l’environnement refuse de proposer dans le cadre de la Convention de Washington des mesures de protection internationales susceptibles de sauver une espèce végétale en voie de disparition, le bois de rose, et l’activité artisanale qui en dépend.
Le Ministère va ainsi à l’encontre des constats scientifiques et des recommandations des professionnels utilisateurs de l’huile de bois de rose comme Chanel dans le secteur de la parfumerie ou l’Occitane dans le secteur de l’aromathérapie. Des sommités du monde associatif comme la SNPN (Société Nationale de Protection de la Nature) ou la Humane Society of the United States, 7 millions d’adhérents, souhaitent elles aussi cette protection internationale du bois de rose.
La Flèche n°34
Lire la suiteLa relance du bois de rose en Guyane et le surplace du gouvernement français
L’huile de bois de rose ou pau rosa (Aniba duckei, Aniba rosaedora) est utilisée en parfumerie et en aromathérapie. 1 tonne de bois distillé produit entre 7 et 12 litres d’huile. Suite à la campagne de Robin des Bois sur l’extinction du bois de rose dans le bassin amazonien, Chanel, l’ONF (Office National des Forêts) et le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) finalisent un accord sur des essais de sylviculture, à partir de graines collectées et sélectionnées en Guyane française. La plantation, sur une parcelle de 25 hectares près de Kourou, devrait être visible à partir de 2001 et productive en 2015. Si tout se déroule comme souhaité, la plantation devrait assurer la consommation de Chanel pendant une centaine d’années. La Guyane française a été le point de départ de l’extraction de l’huile de bois de rose et de son emploi dans la parfumerie mondiale. Amorcés en 1890 sur le littoral de la Guyane, la prospection et l’abattage des bois de rose se sont développés très rapidement et sans contrôle.
Paris s’éveille
Objet :Passerelle de Tolbiac, 37ème pont de Paris
La passerelle de Tolbiac franchissant la Seine entre le cimetière tropical de la Bibliothèque Nationale de France (5 ha de plancher en ipé –Tabebuia spp-) et le parc de Bercy aura donc un tablier en chêne (Quercus spp.). L’architecte autrichien, lauréat du concours international organisé par la Mairie de Paris, a en effet décidé d’utiliser du chêne.
Au même moment, l’architecte Marc Mimram, s’obstine à vouloir utiliser pour la passerelle Solférino l’ipé, arbre rare originaire d’Amazonie exploité au Brésil dans l’Etat du Parà, à l’insu des peuples forestiers et sans plan de gestion durable. Promoteur inlassable des bois exotiques et pionnier de la déforestation en Amazonie, M. Mimram dénie au bois de chêne toute capacité à résister au climat parisien et juge ce matériau aux multiples usages ancestraux “pas assez fiable”.