Les thoniers battant pavillon libyen basés à Sète sont en train de charger des vivres et des filets. Leur départ vers le golfe de Syrte serait imminent. Pourtant, selon les dernières informations disponibles, le régime en place en Libye a suspendu la pêche au thon par des navires libyens ou étrangers pour la saison 2011 « en raison des circonstances exceptionnelles ». Les pêcheurs sétois qui gèrent ces thoniers appartenant tous à des armateurs de Tripoli auraient trouvé un accord avec « un nouvel homme fort du thon rouge à Benghazi » où est basé le Conseil National de transition libyen.
L’Alhilal à Sète le 3 mai 2011, les préparatifs s’achèvent, les filets sont déjà à bord.DR
Robin des Bois s’étonne que le quota de 902,66 tonnes de thon rouge attribué par la Commission Internationale pour la Conservation des Thonide´s de l’Atlantique et des eaux adjacentes – CICTA – à la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste pour la saison 2011 soit transféré à une autre entité. La CICTA compte 48 pays membres.
En terme de sécurité, il est étonnant que des équipages français aillent travailler dans les eaux libyennes et le golfe de Syrte pour mener des activités de pêche dans un milieu miné. Il est vrai que la pêche hauturière au thon rouge en Méditerranée n’est pas obsédée par la sécurité des équipages. L’année dernière, sur 68 senneurs ayant fait l’objet d’une inspection sommaire, 55 n’étaient pas en conformité avec les règles élémentaires de sécurité. La protection sociale des équipages est à l’avenant. Pêcher le thon rouge pour le compte des patrons sétois revient souvent pour les équipages à travailler au noir.
En mars 2011, un thonier battant pavillon français et appartenant à l’armateur sétois Avallone avait été affrété par la Croix-Rouge française pour transporter 102 tonnes d’aide humanitaire à Misrata, à l’ouest du golfe de Syrte. Cette noble assistance alimentaire semble se transformer aujourd’hui en une initiative moins glorieuse mais très rentable, à savoir le dépeçage du quota libyen de thon rouge au profit de la France.
Les voies tortueuses du ministère des Pêches français et des armements sétois pour s’assurer l’accès contre vents et marées à la ressource thon rouge en Méditerranée n’ont pas fini de surprendre. Robin des Bois demande au gouvernement français de faire toute la lumière sur ces nouveaux développements et d’annuler cette expédition.
Voir aussi la tribune dans Le Marin du 29 avril 2011 (pdf)
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