Supplément du bulletin A la casse.com
Construite en 1966, la Reine des Abers attend d’urgence une démolition dans l’Aber-Benoît près de Brest. Cet ex-cargo sablier est représentatif d’une flottille en fin de vie dangereuse pour la sécurité portuaire et pour l’environnement. Par manque de disponibilité d’entreprises spécialisées dans la démolition des navires, nombre de bacs, de dragues, de barges, de pontons, de bateaux de pêche attendent dans les ports, les abers, les estuaires, les fleuves, les canaux et autres pièces d’eau, on ne sait quelle issue miraculeuse. Ainsi la Reine des Abers s’est vue un temps promise à une reconversion culturelle. Ce type de navires construit dans les années 60 -70 recèle des quantités importantes d’amiante, de PCB, de peintures au plomb et à l’étain et de résidus d’hydrocarbures. De petite taille – 22 m de long pour la Reine des Abers – ils cumulent les déchets toxiques dont la dispersion à l’issue du naufrage ultime ou de la destruction à l’ancienne porte atteinte à la qualité générale de l’environnement.
Il était d’usage jusqu’au 31 décembre 2004 de faire remorquer par la Marine Nationale ces objets flottants jusqu’à l’aplomb de décharges sous-marines et de les couler volontairement. Cette pratique qui était bien pratique pour les armateurs n’a plus cours aujourd’hui. Elle est interdite au large du littoral français. Les bateaux de pêche retirés de la flotte sont souvent broyés à la pelleteuse ou bien les épaves sont découpées au chalumeau dans les conditions d’Alang à l’image du tragique Iles du Ponant (cf. photos du dossier « Les navires en fin de vie », p 8). Elles libèrent ainsi dans l’environnement des quantités non négligeables de sous-produits nocifs. Parfois elles finissent en fumée.
La démolition des navires désaffectés ne concerne pas que les cargos ou les unités de la Marine Nationale. Il est urgent que des dispositions soient prises pour organiser des filières de déconstruction de proximité intégrant une décontamination préalable.
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