En tout état de cause, une décision immédiate sur la fermeture ou la prolongation de l’exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim est impérative. Fessenheim ne fabrique pas de la tisane. Les opérateurs et les sous-traitants sont responsables de la manipulation de combustibles radioactifs et de la surveillance de la fission nucléaire. Depuis un an, le personnel est sous pression, ce qui est absolument contradictoire avec la sérénité et la concentration requises quand on travaille dans une centrale nucléaire. Prolonger l’incertitude est irresponsable de la part du gouvernement.
La manipulation, le stockage, le transport de peroxyde d’hydrogène entraînent chaque année plusieurs accidents et dégagements de vapeurs exothermiques susceptibles de brûler les travailleurs et les secouristes. Ces accidents se produisent dans des papeteries, des usines agroalimentaires, des stations d’épuration d’eaux usées.
Le peroxyde d’hydrogène utilisé dans l’industrie n’est pas disponible dans le commerce de détail. Il n’a rien à voir avec l’eau oxygénée de la pharmacie familiale. C’est par une manipulation de langage que le terme eau oxygénée est employé par la communication des services de l’Etat et d’EDF.
C’est à notre connaissance la première fois que ce type d’accident se produit dans une installation nucléaire. Toutefois, l’Autorité de Sûreté Nucléaire a relevé ces dernières années des anomalies ou des écarts dans les stockages et les mises en œuvre de peroxyde d’hydrogène dans des installations d’Areva et dans la centrale nucléaire d’EDF à Cruas. Toutes les centrales nucléaires méritent d’être assujetties à la directive européenne Seveso sur les risques chimiques. Les salariés touchés hier après-midi à la suite de cet événement peroxyde d’hydrogène sont, sauf démenti d’EDF, des prestataires extérieurs mobilisés dans une opération de maintenance. A l’image de tout le secteur de la sous-traitance, ils n’ont sans doute pas reçu toutes les informations, directives et supervisions nécessaires.
Certes, hier après-midi à Fessenheim il n’y a pas eu de risque initial de radioprotection pour les salariés et les populations, mais les vapeurs de peroxyde d’hydrogène sont inflammables et le risque d’incendie ou de réaction explosive avec d’autres matières dangereuses a été bien réel. Des effets domino à cinétique instantanée auraient pu dégrader brutalement le fonctionnement du réacteur en activité et déclencher un état d’urgence radiologique.
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