L’Agia Irene, arrivé hier soir à Sète chargé de grumes du Liberia, bénéficie de toute l’attention des autorités françaises depuis l’action de Greenpeace engagée lundi 25. Mais au lieu des CRS et des gendarmes maritimes envoyés contre les écologistes, c’est d’une inspection par les Affaires Maritimes dont l’Agia Irene a besoin.
La dernière visite de contrôle effectuée à son bord remonte à décembre 2000, à Eleusis en Grèce. Construit en 1976, immatriculé sous le pavillon de complaisance de St-Vincent-et-Grenadines, géré par une société grecque ne possédant que ce bateau -et prête à mettre la clé sous la porte au moindre problème-, l’Agia Irene répond au profil-type du navire sous-normes.
Il n’est pas le seul. Le transport international du bois est gangréné de rafiots épuisés, d’armateurs douteux et d’équipages exploités. Le 18 février 2002, Robin des Bois a encore assisté dans le port de Nantes au déchargement de grumes du Liberia transportées par un bateau battant pavillon croate, le Liski, perclus de déficiences à chaque contrôle, en particulier dans les équipements de sauvetage.
En mer, les grumes sont des matières dangereuses: entassées selon des plans de charge approximatifs, mal arrimées, les billes de bois rompent souvent leurs chaînes, blessant les marins et ripant par-dessus bord. Le “Florenz“, construit en 1970, abandonné par son armateur depuis plus d’un an dans le port de Sète, amenait en France du bois d’Afrique. Plusieurs grumes se sont détachées lors de son dernier voyage entre Valence (Espagne) et Sète, obligeant l’équipage non-payé depuis des mois à se risquer sur le pont en pleine nuit, par gros temps, à la lueur de lampes de poche, au milieu des grumes désarrimées. L’un des marins, aide-cuisinier à bord, avait été blessé. Le 25 janvier 2002, en sortant de Honfleur, le “Jerba” perdait plus de 800 grumes qui, au gré des courants, menacèrent la sécurité maritime pendant plusieurs jours entre l’estuaire de la Seine et le Pas-de-Calais, certaines faisant même des incursions dans les eaux britanniques. Les grumes à la mer sont un danger mortel en cas de collision avec un bateau de pêche.
Le transport de bois brut est une activité à faible marge bénéficiaire, dont la rentabilité s’exerce au détriment des équipages, de l’entretien des navires, et de la sécurité maritime. Robin des Bois demande que l’Agia Irene soit inspecté de façon approfondie par les Affaires Maritimes de Sète, et que les navires grumiers soient considérés comme prioritaires pour les contrôles dans les ports européens.
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