Depuis plusieurs mois, des collaborateurs du journal Le Monde travaillant dans des locaux administratifs ou rédactionnels (immeuble Sirius) sont victimes de troubles sévères et répétitifs : brûlures oculaires, picotements du visage, démangeaisons, acnés, oppressions respiratoires.
Les services généraux du journal n’attachent pas à cette pathologie l’attention qu’elle mérite et ne déclenchent pas toutes les investigations nécessaires.
Tout le site du Monde à Ivry est installé sur la friche industrielle de SKF. Pendant des dizaines d’années, dans le monde industriel, la bonne gestion des déchets et des matières dangereuses n’était pas une priorité pour le personnel et encore moins pour la direction. En mai 1986, le terrain SKF a été vendu à la Mairie d’Ivry qui en a revendu la plus grande part au journal Le Monde. Si SKF était très compétent pour dresser des fichiers sur la “mentalité” et la capacité de militantisme de ses ouvriers, il l’était beaucoup moins pour dresser un fichier de ses transformateurs au pyralène (huile isolante chlorée). La mairie d’Ivry a elle aussi négligé d’observer les nombreux textes législatifs concernant l’élimination des PCB ou les démarches règlementaires sur la résorption des dépôts de déchets toxiques ou dangereux.
Dès août 1989, Robin des Bois écrivait avec accusé de réception à la mairie d’Ivry pour demander copie des certificats d’élimination des transfos au pyralène. Dans sa réponse, la mairie d’Ivry prétend que la responsabilité de l’élimination des transformateurs incombait à la société SOTRAFIM, maître d’œuvre d’un programme de “bureaux et activités diverses” conduit par Arthur Loyd, immobilier d’entreprise sur le terrain SKF situé en face des parcelles acquises par Le Monde.
En septembre 1990, Robin des Bois, dans son journal La Flèche N°13 publiait dans la rubrique Sauve qui peut et sous le titre “C’est Veso” la brève suivante : “L’imprimerie du Monde est-elle construite sur une marée de pyralène ? Avant d’être cédés à la Mairie d’Ivry, puis revendus au Monde, les terrains étaient occupés par l’usine SKF. Malgré des démarches assidues, Robin des Bois n’a jamais pu obtenir copie des certificats d’élimination des transfos SKF. Les 30 tonnes de pyralène ont été déversées sur le site : une économie substantielle pour les démolisseurs du site ou la mairie d’Ivry et une odeur forte qui n’a pas pu échapper aux fondateurs de l’imprimerie du journal”.
La Flèche N°13 a été envoyée à l’ensemble de la presse.
Récemment, des “informations puisées à bonne source mais qui doivent pour le moment rester anonymes” nous ont fait part de problèmes sanitaires déclarés.
Après enquête et compte-rendu du passé industriel du terrain et des locaux acquis par Le Monde, l’hypothèse la plus vraisemblable pour expliquer les bouffées toxiques de pollution atmosphérique à l’intérieur de l’immeuble du Monde, émane des sous-sols et des terres hérités de SKF.
Au demeurant et à titre de précaution élémentaire, Robin des Bois recommande au Monde d’évacuer provisoirement ses locaux administratifs et d’entreprendre sans délais toutes les investigations géologiques susceptibles de cerner sur l’ensemble du site toutes les terres polluées, puis de les neutraliser. Il est important de comprendre aussi les mécanismes de transfert et de diffusion des vapeurs jusque dans des étages supérieurs de l’immeuble. A cet égard, les gaines techniques, de ventilation et le circuit d’air conditionné doivent être attentivement étudiés.
La friche industrielle SKF est située sur le lit de la Seine.
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