Nantes-Saint-Nazaire, le port qui avait décidé il y a un an de ne pas autoriser l’entrée de l’Erika , s’apprête à laisser partir le R Jupiter.
L’ex Oscar Jupiter avait été immobilisé à Nantes en janvier 1998. Roumain, rouillé et délaissé, il a été, à la requête du Port Autonome, vendu aux enchères en septembre 2000 et adjugé à un courtier danois pour 1.040.000 francs; une somme correspondant à l’argus des cargos d’occasion, beaucoup plus élevée que la valeur des bateaux destinés à la démolition immédiate. Le cahier des charges de la vente n’exigeait aucune garantie sur la sortie de flotte du navire. Remaquillé dans le port de Nantes par une vingtaine de marins-ouvriers en majorité roumains, dont les conditions de travail étaient indignes d’un chantier français jusqu’à ce que Robin des Bois alerte le centre de sécurité maritime de Saint-Nazaire, l’R Jupiter , 24 ans, est agréé par une officine de classification établie à Panama.
L’ex Oscar Jupiter serait en fait promis, selon des informations non confirmées, à une deuxième vie en Inde. Passé il y a quelques jours sous pavillon bolivien – le drapeau de la Paz est le seul accessoire neuf à bord – après un bref passage sous le pavillon caraïbe de Belize pendant 2 semaines l’R Jupiter va donc être lâché dans le Golfe de Gascogne en décembre. Il serait détruit au Pakistan. Sans aucun doute, mais quand ? 90% des bateaux de la flotte mondiale sont détruits en fin de vie dans l’Océan indien et en Chine dans des conditions moyenâgeuses, porteuses de risques pour les dépeceurs et pour le littoral.
Alors que le Parlement européen examine les propositions de la Commission sur le renforcement de la sécurité maritime, les autorités françaises, après un an de beaux discours, alimentent le marché mondial des bateaux sous-normes qui se transforment trop souvent en bateaux sous-marins. Robin des Bois réclame, de même que le syndicat CFDT du transport maritime, la création d’un pôle de démantèlement et de recyclage des navires en Europe du Nord.
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