CITES 2010 – Doha
Communiqué n°8 – FIN
La 15ème Conférence des Parties à la CITES vient de s’achever à Doha. Le requin taupe a été remis sur la table suite à l’intervention de Singapour qui a estimé qu’il y avait eu des problèmes techniques lors du premier vote. Les débats ont été escamotés par une astuce de procédure et la proposition est directement repassée au vote. Elle a été rejetée à trois voix près. L’Islande, candidate à l’Union européenne, et le Japon qui accueille en octobre prochain la Conférence pour la Biodiversité en affichant les meilleures intentions du monde se sont chaleureusement tombés dans les bras au milieu de la salle de conférence pour se féliciter de cet échec de l’Europe et des protecteurs des requins. Les associations telles que Japan Fisheries Association sont vite sorties pour fêter le résultat d’un lobby intensif. Installée pour protéger les espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction des excès du commerce international, la CITES devient progressivement une convention de protection du commerce. Le délégué de la Guinée a résumé hier en plénière l’analyse de beaucoup de participants : « Ma remarque est fort amère, je constate après avoir attentivement écouté les débats que les considérations économiques dominent la vision environnementale ». Les décisions sur les espèces marines ont confirmé que la mer est considérée par la communauté internationale comme un réservoir pour manger, pour guérir, pour se décorer, mais lorsqu’il s’agit de la protéger, c’est presque le désert, comme autour de Doha.
En mer
Le thon rouge ne rentrera pas à la CITES cette année. Il en a pourtant bien besoin. La stratégie perdante de l’Union européenne et la mauvaise volonté de la présidence espagnole vont devoir être digérées. La France a annoncé vouloir travailler à une inscription à l’annexe 2, beaucoup trop tard pour cette session mais juste à temps pour convaincre les pays membres de l’ICCAT de l’utilité de faire travailler ensemble les deux conventions lors de la prochaine réunion qui se tiendra à Paris au mois de novembre. Trois années cruciales s’annoncent pour le thon rouge, avant la prochaine CITES qui se tiendra en Thaïlande en 2013. Une bonne nouvelle, la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA) a assuré que les rôles respectifs de l’ICCAT et de la CITES ne devraient pas être compris comme étant concurrents et que les deux organismes ont tout à gagner d’une coopération efficace.
Requins. Le requin marteau, le requin océanique, le requin aiguillat et le requin taupe vont continuer à être mutilés pour de la soupe d’ailerons ou finir en « fish and chips » sans contrôle du commerce international. Les propositions ont été l’occasion pour les pays d’Asie de redire que les espèces marines de forte importante commerciale ne doivent pas être contrôlées par la CITES.
Coraux. Ils sont le symbole des limites de la diplomatie conjuguée des Etats-Unis et des 27 pays membres de la Communauté Européenne. La proposition commune d’inscription du corail rouge et rose en annexe 2 a échoué avec seulement 3 voix supplémentaires par rapport à la précédente conférence il y a 3 ans.
L’ours blanc, classé comme mammifère marin, a lui été victime de l’opposition entre les Etats-Unis, proposant son transfert de l’annexe 2 à l’annexe 1, et l’Europe qui s’y refuse au côté du Canada.
Sur terre
Le bois de rose, pau rosa, fait son entrée à l’annexe 2 par consensus grâce au Brésil. C’est une bonne nouvelle pour l’exploitation sur le long terme de la forêt en Amazonie et c’est une ancienne bataille de gagnée pour Robin des Bois. C’est une mauvaise nouvelle pour les vendeurs d’huile frelatée par des mélanges avec de l’huile synthétique car des dispositifs d’identification de l’huile pure vont être étudier pour aider les douaniers à effectuer leurs contrôles. Les vendeurs d’huile de bois de rose (Pau Rosa) sur les salons bio devront pouvoir produire leur permis CITES dans 90 jours.
Eléphants : Malgré les nouveaux votes réalisés en plénière aujourd’hui suite aux demandes de la Zambie et de la Tanzanie, il n’y aura pas de nouveau déclassement de populations d’éléphants de l’annexe 1 vers l’annexe 2. L’esprit de l’accord pris à la Haye en 2007 sera respecté, sans le soutien de l’Union européenne pourtant médiateur à l’époque mais qui a préféré s’abstenir. Les 23 pays africains membres de la Coalition pour l’éléphant d’Afrique se sont défendus et ont notamment rappelé que le vrai bénéfice pour l’Afrique était la survie de l’espèce sur tout le continent.
Plantes de Madagascar : Madagascar a lancé un appel au secours sous la forme de 14 propositions concernant des plantes endémiques faisant l’objet d’un commerce international afin de le contrôler. Neuf de ces propositions ont été acceptées après la formation d’un groupe de travail et Madagascar a promis de revenir à la prochaine session avec des informations plus détaillées pour les cinq espèces restantes.
Les Dynastes satanas sont les premiers scarabées à faire leur entrée à l’annexe 2 de la CITES.
Le triton tacheté de Kaiser a été inscrit en annexe 1 par consensus sur proposition de l’Iran.
Le canard des Mariannes après avoir disparu sur la Terre, disparaît des annexes de la CITES. Peut être qu’un jour, un nouveau couple sera observé ; des miracles arrivent parfois avec des espèces que les scientifiques considéraient comme éteintes.
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