En 40 ans, l’invraisemblable s’est produit. Les robustes et légendaires anguilles sont en voie d’extinction.
Gavées par la pollution des vases, sexuellement handicapées par les PCB, aspirées au stade larvaire par les centrales nucléaires, barrées par les barrages et les seuils hydrauliques, elles sont aussi soumises au braconnage quand longues d’une dizaine de centimètres elles en sont au stade de civelles. Les civelles (ou pibales dans le sud-ouest de la France) sont les alevins des anguilles.
Dans le cadre de son plan de restauration de l’espèce Anguilla anguilla, la France pour satisfaire quelques pêcheurs professionnels (de l’extinction) autorise pour la saison 2018-2019 la capture de 26 tonnes de civelles vouées à la consommation humaine, soit au poids moyen d’un demi gramme par civelle, 52 millions d’anguilles en herbe, plus un quota de 39 tonnes destinées au repeuplement, soit 78 millions de civelles. Le repeuplement consiste à transférer les civelles depuis les estuaires ou les rivières où il n’y a presque plus d’anguilles vers des estuaires ou des rivières où il n’y en a plus du tout. Le repeuplement est une répartition de la pénurie biologique.
Soumis à consultation sur le site Internet du Ministère de l’Ecologie, le projet d’arrêté relatif à l’encadrement de la pêche aux civelles a recueilli 39 avis dont 35 sont défavorables et porteurs du bon sens de l’opinion publique.
Peu importe, le Ministère de l’Ecologie ne veut pas bouger d’un iota son quota et vient de déclarer sans appel : « le projet d’arrêté peut être adopté en l’état. »
Le kilo de civelles braconnées en France et en Espagne et introduit par contrebande en Asie se négocie jusqu’à 4000 €.
Voir aussi :
« Si belles civelles ». « A la Trace » n°4, p. 9 à 11 (pdf – 6,4 Mo)
« A la Trace », le bulletin de la défaunation. Trimestriel d’information et d’analyses sur le braconnage et la contrebande d’animaux
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