Le risque majeur de la filière nucléaire en France tente de se faire oublier dans les casemates de l’usine de la Hague en Normandie à la porte maritime de l’Europe du Nord. La France grâce à l’imprévoyance de ses gouvernements et élus successifs et malgré les avertissements de ses antinucléaires historiques se retrouve aujourd’hui gardienne et héritière de 16 tonnes de plutonium issu du retraitement de 3000 tonnes de combustibles irradiés japonais. Les contrats de retraitement des combustibles irradiés japonais signés à partir de 1972 par le CEA et consolidés par la Giscardie, la Mitterrandie et la Chiraquie dans les années 1980 à 2000 s’avèrent aujourd’hui désastreux sur les plans géopolitique, stratégique et anti-terroriste. Le retraitement des combustibles irradiés à l’usine de la Hague est un bateau ivre depuis des années, sans pilote et sans destination, qui tourne en rond avec son équipage désabusé, ses équipements vieillissants et ses contrôleurs inquiets. Pendant ce temps, la Macronie essaye de caser en Chine une usine de retraitement des combustibles irradiés sans assumer ses responsabilités et son devoir de prévoyance en France.
Avec 16 tonnes de plutonium, il est possible de fabriquer 2580 bombes modèle « Fat Man-Nagasaki- 9 août 1945 » ou d’empoisonner par accident ou par malveillance des millions de personnes et les océans Atlantique et Arctique.
D’après les contrats franco-japonais validés par les deux gouvernements, le plutonium appartient au Japon et doit y retourner. Seuls deux retours ont eu lieu : en 1984, 250 kg à bord du Seishin Maru et en 1992, 1500 kg à bord de l’Akatsuki Maru.
On voit mal aujourd’hui les cargos de la Pacific Nuclear Transport Limited convoyer au bout du monde un plutonium dont le Japon ne sait que faire, sous les yeux scrupuleux de la Corée du Nord, de la Corée du Sud, de la Chine et des Etats-Unis d’Amérique veillant à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et de la sous-région. Le Japon a adhéré en 1977 au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et doit justifier auprès de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) de l’utilisation pacifique et planifiée du stock de plutonium détenu sur son sol et à l’étranger.
Sept ans après Fukushima, seulement neuf réacteurs japonais ont repris leur activité sur un parc de 54 et seulement quatre ont l’autorisation de brûler du MOX, le combustible mixte qui permet l’écoulement partiel du plutonium.
Le plutonium japonais est devenu un déchet. En tant que déchet, il ne peut rester sur le territoire français de par la Loi n° 2006-739 du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs. Toutefois, le gouvernement nippon n’exclut pas d’entrer en négociation avec la France pour qu’elle accepte de stocker définitivement une partie de son overdose de plutonium. Un jour, faudra-t-il refaire la Loi et enfouir le plutonium japonais chez Cigéo à Bure?
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