Des associations veulent sensibiliser particuliers, collectivités et acteurs économiques à l’importance de la gestion des déchets laissés derrière eux par les séismes, cyclones ou inondations.
Par Gilles van Kote
Avez-vous bien éliminé vos vieux pots de peinture ? Fait arrimer la cuve à fuel située derrière la maison ? Effectué des sauvegardes informatiques des documents nécessaires à la marche de votre entreprise ? Si oui, vous faites partie des rares citoyens conscients que les pires catastrophes sont celles qui n’ont pas été anticipées.
La remarquable série de guides publiés, jeudi 24 octobre, par le Groupe d’expertise et d’intervention déchets postcatastrophe (Geide) et mis en ligne sur son site (Geide.asso.fr) vise à sensibiliser particuliers, collectivités et acteurs économiques à l’importance de la gestion des déchets solides et liquides laissés derrière eux par les séismes, cyclones, inondations, feux de forêt et feux industriels.
Ces guides s’articulent autour de trois temporalités : prévenir, réagir, rétablir. « Les déchets sont les orphelins des catastrophes naturelles, affirme Jacky Bonnemain, président de l’association Robin des Bois et coauteur des guides avec Charlotte Nithard. En matière de prévention dans ce domaine, nous en sommes à l’an zéro. Le but de ces guides est de combler cette indifférence à l’égard des déchets. »
2,3 MILLIONS DE MÈTRES CUBES DE DÉCHETS APRÈS SANDY
La quantité de déchets de toutes sortes que l’ouragan Sandy, qui a balayé la région de New York en octobre 2012, a éparpillée aux quatre vents, a été estimée à 2,3 millions de mètres cubes par la FEMA, l’Agence fédérale de gestion des secours d’urgence. Dans le mois qui a suivi, l’Etat du New Jersey a collecté autant de déchets que normalement en sept années.
Le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011 au Japon ont provoqué la dispersion d’environ 23 millions de tonnes de détritus divers dans la nature.
En France, la collecte et le traitement des 9 000 tonnes de déchets dispersés par le passage de la tempête Xynthia sur les deux communes vendéennes les plus touchées, en février 2010, ont coûté 420 000 euros, selon le Geide. Les conséquences des inondations survenues dans le Var, quatre mois plus tard, ont été plus lourdes : 28 000 tonnes de déchets et 5 millions d’euros dépensés pour leur élimination. Un coût qui pourrait être considérablement réduit par la mise en place d’une politique adéquate.
« La récupération et le traitement des déchets pèsent entre 25 % et 30 % des coûts occasionnés par les catastrophes dans les cinq années qui suivent leur survenue, précise Charlotte Nithard. La présence de ces déchets a bien sûr un impact environnemental mais également psychologique sur les populations. »
MÉTHODES PEU ÉCOLOGIQUES
D’où la tentation pour les responsables locaux de les faire disparaître au plus vite, souvent au prix fort et par des méthodes peu écologiques. En France, environ 21 000 communes sur 36 000 sont en zone sismique, 15 000 possèdent des zones inondables et 6 000 sont concernées par les risques d’incendie de forêt.
Les sites pollués sont particulièrement vulnérables. Dans les Antilles françaises, le passage de l’ouragan Dean, en 2007, a entraîné une dissémination de la pollution au chlordécone après avoir « lessivé » les sols imprégnés de ce pesticide utilisé massivement dans les bananeraies jusqu’à son interdiction, en 1993.
En publiant ces guides, le Geide, créé en 2006 par Robin des Bois, plusieurs fédérations professionnelles et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), espèrent faire prendre conscience aux citoyens… mais aussi aux pouvoirs publics, qu’en cas de catastrophe, « la gestion des déchets est un élément essentiel du retour à la normale ».
« Dans les trente pages du projet de la stratégie nationale de gestion du risque inondation, actuellement en cours de consultation, il n’y a pas un mot sur les déchets », regrette Jacky Bonnemains. Point positif cependant : les éco-organismes chargés d’organiser la collecte et le recyclage des déchets électriques et électroniques ainsi que des déchets d’ameublement ont désormais l’obligation d’intervenir en cas de catastrophe.
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