Malgré le conflit en cours et la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Libye, la ville de Sète et son cœur touristique continuent à représenter sans gêne le régime du célèbre colonel. Dix thoniers revendiquant fièrement leur port d’attache et leurs liens administratifs et financiers avec Tripoli ornent les quais et les terrasses des cafés. Les bateaux mouches de Sète quittant le pont de l’ancienne ville laissent à droite une partie de la flottille libyenne et déclament au porte-voix que « depuis toujours les thoniers sétois partent à la pêche au thon rouge exclusivement en Méditerranée».
Il y a là un fond de vérité. La tradition survit malgré les menaces qui pèsent sur l’espèce. Depuis 9 ans les armateurs de Sète ont avec l’aval et l’appui des Affaires Maritimes et du Ministère des Transports transféré sous pavillon libyen plusieurs de leurs thoniers et cédé leurs propriétés à des compagnies affiliées aux nantis du régime ami et récemment honni de la République française. Une barrette de 100 grammes de thon rouge se vend sur les marchés choisis aux alentours de 25 dollars. Le thon rouge, c’est le pétrole de la mer.
Le 2 mars 2011, Robin des Bois a demandé au gouvernement français d’arrêter ce scandale typique des pavillons de complaisance (1). Dans ce cas particulier, des pêcheurs français partagent avec le régime libyen les profits d’une pêche opaque au thon rouge dans un vaste domaine maritime long de 1.900 km et étendu à 100 km au large par un coup de baguette magique et illégale du guide libyen, il y a une dizaine d’années.
Le délégué libyen à la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique – CICTA – vient d’écrire au président de cette commission : « en raison des circonstances récentes et exceptionnelles et afin d’éviter toutes complications futures qui pourraient affecter la capacité de se conformer aux mesures de l’ICCAT [acronyme anglais de la CICTA], la Libye a volontairement décidé de suspendre la mise en œuvre de son plan de pêche du thon rouge au titre de 2011 et n’autorisera aucune activité de pêche de thon rouge ». Le message de Monsieur Hussin A. Zaroug se termine par un consensuel « Prions tous ensemble pour sauver la Libye, les libyens et le thon rouge ».
Quant à lui, Robin des Bois continue à demander la saisie des thoniers battant pavillon libyen et le renoncement officiel du gouvernement français à cet arrangement en mer qui permet à des pêcheurs français d’exploiter le thon rouge sous l’allégeance du régime libyen en place.
___________
(1) Note d’information du 2 mars 2011
Imprimer cet article