L’Aedes albopictus responsable de l’épidémie dite de chikungunya à la Réunion a été observé pour la première fois en métropole en octobre 1999 dans le stock d’une entreprise de recyclage de pneus usés et importés. L’espèce s’est reproduite sur place. Stockés à ciel ouvert, les pneus collectent les eaux de pluie, et les conservent. Ces matrices liquides sont ensuite enrichies par des matières organiques comme les feuilles. L’Aedes albopictus s’est adapté très facilement à ces gîtes larvaires artificiels plus vrais que nature. Pondus sur les parois internes des pneus, les œufs voyagent à travers le monde dans le cadre d’un commerce international, proliférant, et à plus d’un titre nuisible. La mondialisation des pneus hors d’usage aboutit à la mondialisation des moustiques et des risques sanitaires. Dès 1998, l’Agence nationale pour la démoustication et la gestion des espaces naturels démoustiqués (ADEGE) a été sollicitée par le Ministère de la Santé qui souhaitait la mise en place d’une stratégie de défense sur l’ensemble du territoire métropolitain.
Sur le continent nord américain, le transport de vieux pneus est identifié comme facteur principal de propagation de cette espèce de moustiques et de plusieurs autres. Au Canada, les stocks de pneus sont désormais considérés comme des îlots d’insalubrité sanitaire. Quand en octobre 2005, l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique (OCLAESP) a ouvert un conteneur de pneus usagés dans le port du Havre en partance pour l’Afrique, les opérateurs de la gendarmerie masqués et protégés ont été assaillis par des nuées de moustiques !
Robin des Bois préconise donc que les pneus hors d’usage soient considérés comme des déchets dangereux par l’Union Européenne et la Convention de Bâle sur les transports transfrontaliers de déchets, que les utilisations dispersives comme les matériaux de couverture d’ensilage agricole soient interdites, que tous les stockages de vieux pneus en métropole et dans les territoires d’Outre-Mer soient résorbés dans des délais raisonnablement brefs.
Pour le Ministère de l’Ecologie, cette élimination correspond à un objectif à moyen terme. Cependant les moyens financiers et réglementaires restent précaires malgré les efforts de certains distributeurs et d’Aliapur, filière française de valorisation des pneus usagés regroupant les principaux producteurs de pneus.
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