Par une ordonnance en date du 28 juin 2001, le Conseil d’Etat a suspendu l’arrêté autorisant les travaux d’extension du Port Autonome du Havre ” Port 2000 ” pour partie des opérations qui nécessitent un déminage et un débombage préalables, jusqu’à la destruction totale des engins de guerre dûment constatée par les autorités compétentes,. Cette ordonnance concerne l’emprise maritime du projet mais aussi dans la continuité une partie de l’emprise terrestre où devrait s’effectuer le creusement des futures darses. Le déminage terrestre doit aussi faire l’objet d’une étude de sécurité pyrotechnique qui n’est pas encore diffusée.
Autant sur la partie terrestre que pour la partie maritime, le déminage intervient à proximité de la CIM, stockage pétrolier d’une capacité de 4 millions de tonnes. L’étude de l’INERIS – Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques – rendue en mai 2001, 7 mois après le début du chantier de déminage – débombage, reste à ce sujet incomplète. Aucune recherche auprès des archives militaires anglaises n’a été entreprise pour connaître les caractéristiques des munitions larguées. Le scénario d’accident majeur de référence (boil over) est celui d’une exploitation normale de la CIM dont les bacs à hydrocarbures sont qualifiés de “ constructions vraisemblablement très résistantes “. Pourtant, 70 bacs ont été construits avant 1964, date de l’entrée en vigueur des normes de constructions visant à réduire les risques de ruptures lentes ou brutales. Certains ne sont pas séparés par les distances aujourd’hui réglementaires. Il n’y a aucune approche bac par bac, en fonction de leur proximité avec le chantier de déminage, de leur âge, de leur état de corrosion, et des produits stockés (les produits raffinés ont un point d’éclair plus bas).
Enfin, l’étude de l’INERIS, jointe au plan de sécurité précise : ” A propos des projectiles directs issus du corps de la bombe, les structures devraient bien résister (pénétration de 2 cm dans du béton et de 2 mm dans de l’acier), sauf les vitrages. Mais les fragments seraient immédiatement mortels pour l’homme (sans protection particulière) “ La plupart des habitants ont préféré partir durant la journée du 11 juin. Cette nuit, ils se trouveront barricadés chez eux, avec comme consigne de garder les fenêtres ouvertes et de s’en éloigner.
En ce qui concerne l’opération de relevage et de transport de munitions prévue pour cette nuit, Robin des Bois souligne une nouvelle fois qu’elle est en contradiction avec le ” Plan de sécurité du déminage du secteur sud des installations portuaires du Havre ” signé par le préfet de Seine-Maritime, le Préfet Maritime, le maire du Havre et le directeur du Port Autonome du Havre. Il n’est pas justifiable que deux de ces signataires s’accordent une auto-dérogation et abaissent le niveau de sécurité d’un plan produit devant le Conseil d’Etat comme garantie du sérieux de l’ensemble des opérations. C’est notamment grâce à ces normes de sécurité que le groupement des plongeurs – démineurs a pu jusqu’alors effectuer sa mission sans incident. L’opération du 11 juin s’est bien déroulée en plein jour, dans des conditions optimales de visibilité. Ce n’est évidemment pas une raison pour prendre des risques supplémentaires aujourd’hui. Cette révision à la baisse est d’autant plus inopportune qu’une cinquantaine de bacs de la CIM sont inclus dans le périmètre de sécurité. Cette ” dérogation ” aux normes de sécurité est préjudiciable au bon accomplissement du chantier et au déploiement des éventuels secours d’urgence.
Après avoir affirmé que les dragages débuteraient en juillet-août, puis devant le Conseil d’Etat en septembre-octobre, le Port Autonome espère maintenant lancer les dragues en octobre-novembre. Compte – tenu de l’ordonnance du Conseil d’Etat et de la complexité des opérations de déminage, il est irréaliste de penser que les opérations de dragages pourront commencer à cette date. Cette attitude de façade a pour but de rassurer les bailleurs de fonds, comme l’Europe, et les entreprises contractantes.
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