Des sources syndicales et scientifiques nous ont informés dès le 1er mai que des thoniers battant pavillon libyen stationnés dans le port de Sète, faisaient l’objet de mouvements et de chargements inhabituels et inattendus. Une senne (filet coulissant) de 2,4 km a été à cette occasion transférée sur le Grnda , port d’attache Tripoli. Ces mouvements ont été confirmés par la capitainerie du port de Sète. Ces prémices d’appareillage étaient d’autant plus surprenants qu’une consigne informelle émanant des autorités maritimes appelait à veiller à ce qu’aucun navire libyen prenne le large.
Le Grnada dans le port de Sète le 3 mai 2011.
Marins à bord, porte ouverte et grue avec un enrouleur permettant le transfert de filets.
Les préparatifs allaient bon train. DR
Le jeudi 5 mai en fin d’après-midi, le Ministère français des Pêches confiait à Robin des Bois son impuissance à agir dans ce contexte international particulier. Selon nos interlocuteurs, la seule sanction possible serait au retour de la pêche de mettre les navires en conformité avec la réglementation CICTA, Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique et des eaux adjacentes, dans la liste noire de ceux qui se sont livrés à la pêche illicite, non réglementée et non déclarée.
Le 2 mars 2011, Robin des Bois a demandé à la France de saisir les thoniers battant pavillon libyen basés à Sète dans le cadre d’un accord entre les armateurs français et un armateur libyen proche du clan Kadhafi. Le communiqué de Robin des Bois précisait que la restitution des 10 thoniers libyens pourrait être envisagée quand un nouveau régime légitime détenteur d’un quota de pêche au thon rouge attribué par la CICTA et d’un plan de gestion sera installé et reconnu. Le gouvernement français n’a pas réalisé cette saisie conservatoire.
Face aux velléités des armements franco-libyens, le Ministère des Pêches a finalement déclaré le 6 mai que les thoniers concernés faisaient désormais l’objet d’une surveillance particulière et ne pourraient compte tenu de l’indisponibilité d’un quota dans les eaux libyennes exercer leur activité cette année.
Il est clair pour Robin des Bois et les autres bons connaisseurs du dossier que les armements Scanapiecco et Avallone en accord avec des intérêts libyens proches cette fois du Conseil National de Transition de Benghazi ont envisagé de capter le quota de 900 tonnes attribué au gouvernement libyen par la CICTA en novembre 2010 à Paris et de se le partager. Cette procédure par ailleurs illégale au regard du droit international aurait ouvert la porte à des dépassements incontrôlables du quota initial.
Le Ministère de l’Agriculture et des Pêches qualifie aujourd’hui les préparatifs observés à bord des thoniers libyens de Sète « d’opérations de maintenance ».
La vigilance reste de mise sur les quais de Sète. L’histoire démontre que les leaders sétois de la pêche au thon rouge abusent et méprisent autant les réglementations sociales applicables aux équipages que le bon sens environnemental.
Voir aussi la tribune dans Le Marin du 29 avril 2011 (pdf)
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