Les tronçonneuses trépignent et rasent sans trêve. Elles s’accouplent avec des broyeuses qui réduisent en combustible les arbres tombant en rangs serrés. Aucun n’en réchappe, les séculaires, les isolés, les remarquables, les forestiers, les alignés. Tous les prétextes sont bons. Ils font de l’ombre, ils empêchent de voir, ils sont malades, ils concentrent les étourneaux, ils gênent le tramway, ils sont dangereux pour la sécurité routière. Les haies ne sont pas épargnées. Depuis que les pouvoirs publics, l’ADEME et les écologistes ont promu le bois au rang d’énergie renouvelable et que le chauffage collectif et individuel au bois se propage comme une maladie virale, la France brûle et les bien-pensants et beaux parleurs tout affairés à composer leur bouquet énergétique et à l’offrir aux électeurs regardent ailleurs, en Amazonie, en Indonésie, sur l’île de Bornéo avec les larmes d’usage.
L’Elysée songe à se chauffer au bois, AREVA projette d’ouvrir une chaufferie au bois pour alimenter en énergie son usine nucléaire de La Hague, Montreuil veut ouvrir sa piscine verte chauffée au bois. C’est l’unanimité. Tout le monde se met d’accord sur le dos des arbres.
Et ce n’est qu’un début, l’ONF (Office National des Forêt) capitalise sur les plaquettes forestières, sur les granulés, sur le bois bûche. Son grand projet est de passer de la cueillette à la massification des prédations. Dans son rapport de septembre 2010 au Président de la République, Hervé Gaymard, président du Conseil d’Administration de l’ONF exalte le bois-énergie, « cette énergie renouvelable par excellence, moderne, disponible en grande quantité, répartie sur tout le territoire ».
On ne peut pas à la fois promouvoir l’exploitation de la biomasse et la protection de la biodiversité. Un chêne adulte qui tombe, c’est un écosystème qui s’effondre et expulse 30 espèces d’oiseaux, des chenilles, des scarabées, des champignons, des lichens, des chauves-souris.
Robin des Bois appelle à l’abandon de la promotion du bois en tant qu’énergie. S’il y a bien un domaine où l’alliance de l’écologie et de l’économie est impossible, c’est celui du domaine forestier
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