Notre-Dame de Paris
Communiqué n°11
– Près de 10 mois après l’incendie de Notre-Dame, la dépollution de la crypte archéologique commence la semaine prochaine. Il s’agit selon l’appel d’offres de Paris Musées du 16 août 2019 de réduire la pollution par le plomb « à des niveaux proches de zéro ». Les teneurs les plus élevées sont de 40.000 à 50.000 µg/m2. L’intervention va être compliquée par la récente prolifération de moisissures due au manque de ventilation et à l’humidité des locaux. La crypte est située sous le parvis. Sa surface au sol est de 2200 m2.
– Plusieurs tentatives de décontamination du parvis présentées comme innovantes et décapantes ne sont pas parvenues à abaisser les teneurs en plomb au-dessous de 1000 µg/m2, le seuil toléré après des travaux d’urgence. Le parvis est un intarissable réservoir de particules de plomb alimenté dès le 15 avril au soir par la carcasse et les organes de la cathédrale, puis par les vents tourbillonnants et par la zone chantier qui est aussi une zone déchets. Le plus surprenant et inquiétant du point de vue juridique et sanitaire est la valse orchestrée par la Ville de Paris et le ministère de la Culture. De mai à août 2019, l’ouest du parvis situé entre la rue de la Cité et l’entrée de la crypte est resté ouvert au public. A partir de fin août, cette parcelle du parvis est fermée. Des milliers de personnes et d’enfants l’ont fréquentée pendant plusieurs mois. Des ataxies du même ordre ont frappé les accès à l’Hôtel Dieu par le parvis. Là où le public et les usagers pourraient éventuellement passer munis de toutes les recommandations et équipements nécessaires à leur sauvegarde, une nouvelle exposition de photos officielles cherche à le ralentir et à le retenir. Le dernier avatar de la résurrection du parvis serait l’application d’une résine qui aurait pour mission de masquer la pollution et de la confiner jusqu’à la fin indéfinie du chantier de reconstruction. Tous les sols durs et meubles seraient alors excavés, considérés comme des déchets et remplacés. La résistance au piétinement, au poinçonnement et à l’érosion de cette résine miracle, bénie par le clergé et l’Établissement Public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, est évidemment mise en question.
– Le démontage de l’échafaudage métallique qui encerclait la flèche avant son effondrement et la dispersion de 250 tonnes de plomb chauffé à blanc n’a pas encore commencé. Il est constamment retardé. Le protocole de sécurité à imposer aux intervenants et aux riverains d’en face -rue du Cloître-Notre-Dame- suscite d’âpres discussions entre le préfet de région, l’inspection du travail et l’Établissement Public. Grâce à l’échappatoire de la loi pour la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris et de son article 9 permettant des entorses aux meilleures techniques disponibles et au Code de l’Environnement, il est envisagé de livrer les milliers de rambardes et platelages pollués de l’échafaudage à des ferrailleurs de la région parisienne. Les conditions de décontamination, d’élimination de ces déchets comme de tous les autres depuis le début des déblaiements restent secrètes et confinées dans les plans de bataille du général Georgelin, chef d’État-major du chantier. Les déchets sont éparpillés dans des décharges de seconde classe de la région parisienne.
– L’avis de l’ANSES* sur la contamination par le plomb des espaces publics publié aujourd’hui confirme et consolide les mises en garde de Robin des Bois. L’ANSES insiste sur la vulnérabilité des enfants et estime que le plomb peut se retrouver dans les poussières de voirie, de jardins publics et d’aires de jeux « du fait d’érosions ou de lessivages d’éléments architecturaux et contaminer les espaces extérieurs par ce biais ». « La contamination peut enfin être liée à une pollution accidentelle, comme ce fut le cas lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril 2019. »
L’avis de l’ANSES insiste aussi sur la nécessité d’abaisser les seuils de vigilance et de renforcer la surveillance sanitaire des corporations chargées de l’entretien des espaces publics comme les agents chargés du nettoyage de la voirie et les jardiniers. L’ANSES étend cette recommandation aux travailleurs qui interviennent sur les immeubles de la zone potentiellement contaminée par l’incendie de Notre-Dame et à ceux qui sont au contact direct des poussières de plomb à l’intérieur des chantiers sur des monuments et immeubles historiques.
* Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Lien vers les publications de Robin des Bois concernant l’incendie de Notre-Dame de Paris.
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