Le navire usine de l’US Navy, le Cape Ray, va dans les jours à venir s’engager dans l’Atlantique et le Golfe de Gascogne pour remonter en mer du Nord.
Le Cape Ray transporte 6000 t de déchets chimiques liquides et solides sous-produits par la neutralisation en Méditerranée de 560 t de précurseurs des munitions chimiques syriennes.
La mission du Cape Ray s’est poursuivie du 9 juillet au 18 août. Elle a consisté à diluer les précurseurs du gaz sarin et du gaz moutarde retirés du territoire syrien. Seuls des communiqués laconiques du Pentagone ont ponctué cette campagne maritime de neutralisation. Aucune information détaillée sur les conditions météorologiques, les localisations du navire, les aléas techniques, les rejets atmosphériques n’a été publiée. La neutralisation des armes chimiques syriennes a été, comme leur fabrication, entourée d’un secret absolu.
Le résultat concret de l’option retenue par les Etats-Unis et validée par l’ONU et l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques), c’est que le navire usine américain stocke en ce moment même 6000 t de déchets toxiques, soit 10 fois plus que les substances chimiques initiales.
Ces déchets sont en cours de transport à destination de l’Allemagne – le port de déchargement serait Wilhelmshaven – où 300 t de résidus d’ypérite seront éliminés dans l’usine Geka à Munster. Le Cape Ray ira ensuite décharger 5700 t de résidus chimiques du gaz sarin en Finlande à Hamina Kotka, à côté d’Helsinki. Les déchets seront par la suite incinérés dans des délais qui ne sont pas connus.
Robin des Bois est la seule ONG à avoir dès la fin de l’année dernière protesté contre la neutralisation des armes chimiques syriennes en mer et explicité sa position dans 6 notes d’information. Aujourd’hui avec l’arrivée en Europe du Nord de ces 6000 t de déchets, la position de Robin des Bois est légitimée.
La meilleure solution disponible aurait été de traiter directement la totalité des 560 t dans un ou plusieurs des incinérateurs de déchets dangereux en exploitation dans l’Union Européenne. Robin des Bois déplore que par crainte des protestations d’une petite partie du public, les gouvernements français et belges aient refusé cette option. L’ONG remercie les gouvernements anglais et finlandais pour leur participation résolue à l’action humanitaire de destruction des armes chimiques syriennes. Le Royaume-Uni et la Finlande ont en effet accepté de prendre en charge la destruction thermique d’une partie des substances dangereuses qui devaient initialement faire l’objet d’un pré-traitement à bord du Cape Ray.
Enfin, Robin des Bois estime que le précédent du Cape Ray va ouvrir la voie à de nouvelles initiatives de traitement en mer de déchets toxiques et ainsi favoriser la conversion des eaux côtières et de l’océan mondial en zone franche industrielle.
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