En France, un million de ballons s’envole chaque année dans le ciel pour célébrer des causes qu’elles soient bonnes ou mauvaises – anniversaires, promotions, appels publics, festivités… Cette manie d’envoyer des déchets dans l’air ne faiblit pas, malgré la somme des informations sur les débris de ballons en latex ou en plastique retrouvés en mer ou dans les estomacs d’espèces marines et les nids d’oiseaux.
Les ballons en latex fabriqués en Asie, transportés en Europe par porte-conteneurs, sont gonflés à l’hélium produit par Air Liquide à partir du gaz naturel ; ils constituent une gêne ou un risque réel pour la circulation aérienne. 70% montent en quelques heures à 8 km et explosent. Les fragments retombent sur terre et en mer. Les autres se dégonflent en cours d’ascension et retombent dans un périmètre de quelques dizaines de km2. Les ballons de la fête et de l’espoir rentrent dans le régime alimentaire et les tubes digestifs des dauphins, des tortues, des cachalots, des requins, et des oiseaux.
Dès leur envol, les ballons sont des déchets. Ils sont par vocation voués à l’abandon. Les responsables des lâchers sont immédiatement défaillants, et les ballons non captifs vont au gré des aléas météorologiques polluer l’environnement, échapper aux collectes dédiées et rejoindre le cortège des déchets transfrontaliers.
Robin des Bois, alerté par de nombreux sympathisants sur la recrudescence de ces lâchers atmosphériques de détritus, demande aux syndicats d’initiative, aux organisateurs de campagnes promotionnelles ou charitables comme le ” Téléthon ” de renoncer une fois pour toutes à cette mauvaise pratique.
Ce communiqué est envoyé à toutes les préfectures de régions et aux associations de maires. Tout lâcher de ballons doit en effet faire l’objet d’une déclaration préalable. Les services de l’état et les municipalités ont la possibilité de s’y opposer. Qu’ils en usent ! En 1997, Marine Conservation Society, l’organisation anglaise de protection du littoral a, dans le cadre de son ” beachwatch ” annuel, relevé 538 ballons dégonflés sur 169 km de littoral. La campagne Save the North Sea animée par des scientifiques danois révèle que 98% des fulmars retrouvés morts sur la côte contiennent des débris de plastiques ou d’autres matériaux non digestibles dans leur estomac. Il n’est pas démontré que ces ingestions soient la cause première de la mort de ces oiseaux océaniques mais il est prouvé qu’elles causent des troubles de la croissance, de la reproduction et du comportement. En mars de cette année, l’association Oiseaux Mazoutés du Cotentin a dénombré sur la côte est du Cotentin 80 cadavres de fulmars.
A toutes fins utiles, nous mettons en garde les acteurs de la société de célébration contre les effets dévastateurs d’un éventuel substitut aux lâcher de ballons : le lâcher de tourterelles. C’est aussi une calamité. Les colombes de la paix écloses en élevage et brutalement relâchées dans un environnement hostile meurent noyées, écrasées, bouffées par les prédateurs dans les heures ou les jours qui suivent les lâchers.
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