Coiffés de leurs toques de grands chefs, Ifremer, la Direction Générale de l’Alimentation, la Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture vous ont concocté pour les fêtes de fin d’année un mets de premier choix. Il vous est recommandé la consommation de tourteaux pêchés dans les fonds pollués de la baie de Seine, de ne plus vous référer à l’avis de l’Anses du 13 mai 2011 et d’oublier l’arrêté du préfet de Haute Normandie du 29 juillet 2011. Selon le premier, les tourteaux étaient considérés comme non conformes aux limites réglementaires d’imprégnation aux PCB et aux dioxines et le second en interdisait la consommation et la commercialisation.
Le nouvel avis de l’Anses du 16 novembre 2011 et le nouvel arrêté préfectoral du 24 novembre 2011 éclairent d’un jour nouveau la contamination des tourteaux de la baie de Seine. Les fins gourmets doivent maintenant faire le tri entre la chair blanche et la chair brune. Cette dernière peut-être vingt fois plus contaminée que la chair blanche. Il convient à l’intérieur de la carapace d’avoir un coup de fourchette chirurgical pour séparer le blanc du brun. Les cuistots de l’Anses recommandent pour éviter la contamination de la chair blanche du thorax du crabe par la chair brune de respecter scrupuleusement des “Guides de Bonne Pratique d’Hygiène” au demeurant peu accessibles.
Une bonne affaire donc pour les pêcheurs de la baie de Seine . Cette réautorisation de mise sur le marché va faciliter l’acceptabilité de l’autorisation imminente du rejet expérimental en plein milieu de la baie de Seine de 2 millions de m3 de vases contenant des PCB en provenance du surcreusement du chenal de la Seine entre Le Havre et Rouen.
Une mauvaise affaire pour les crabes : les effets de leur contamination interne par les PCB sur leur état sanitaire et leur capacité de reproduction ne sont toujours pas étudiés et ces nouveaux avis vont stimuler la mise sur le marché de pinces de crabes, au détriment du reste. Après la pratique du finning (découpe de l’aileron de requin et rejets à la mer du squale mutilé), la pratique du clawing (découpe des pinces) va se généraliser favorisant ainsi le rejet de crabes démembrés et incapables de se mouvoir et de se nourrir dans les fonds.
Une mauvaise nouvelle aussi pour les consommateurs qui vont acheter au kilo des crabes vivants ou cuits sans que soit déduit le pourcentage important de chair brune équivalant manifestement à un déchet PCB.
Sous la baguette d’Ifremer, un autre miracle alimentaire est expérimenté dans les laboratoires et les fourneaux qui devrait déboucher bientôt sur un nouveau label : “les sardines polluées de la baie de Seine”. Interdites de commercialisation depuis le 8 février 2010 à cause de la contamination aux PCB et débarrassées de leurs viscères elles seront bientôt, sous forme de filets, rendues à la commercialisation après une dégustation du Comité d’experts de l’Anses et l’aval du préfet de Haute Normandie.
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