Objet: ventes aux enchères d’un bateau sous-normes, Caen, Tribunal de Grande Instance, 14h30 demain jeudi 20 février
L’ex-Gur Master est immobilisé depuis mars 2002 pour des déficiences techniques autant que financières. Son équipage a changé le nom du navire sur la route de Leixoes (Portugal) à Caen et remplacé Nassau en guise de port d’attache par Kingstown, sur ordre de l’armateur indien Jayship qui prétendait avoir vendu l’ex-Gur Master à une société établie au Liberia, Saint Patrick Investment, pour la modique somme de 10 $. Il s’agissait pour Jayship d’échapper aux créanciers de son autre bateau, le M. Melody, abandonné en Afrique. La vente a été considérée comme fictive par le tribunal de commerce de Caen, et la saisie de l’ex-Gur Master est exécutoire depuis le 3 octobre 2002. L’armateur doit à l’équipage environ 60.000 $. Celui-ci avait été recruté par l’intermédiaire de Herald Maritime Services, une agence indienne de recrutement de main d’oeuvre pour les armateurs crapuleux, la même qui avait recruté l’équipage de l’Erika. 17 marins sont retournés en Inde; 7 sont restés à bord. Ce fantôme amarré depuis plusieurs mois sur un quai de l’oubli et du risque du port de Caen -à quelques mètres des dépôts pétroliers assujettis à la directive Seveso- sera vendu aux enchères demain 20 février à 14h30, à l’audience des criées du Tribunal de Grande Instance de Caen.
L’ex-Gur Master a navigué pendant 2 ans sans certificat de navigation et sans société de classification jusqu’à son immobilisation à Caen. Tous ses papiers sont périmés. C’est le pur symbole de la carambouille maritime. La mise à prix est de 600.000 euros. S’il trouve acquéreur, l’ex-Gur Master pavillon Bahamas, devenu Magic Star pavillon Saint-Vincent-et-Grenadines en plein océan Atlantique, trouvera un nouveau pavillon de complaisance sans trop de difficultés, de même qu’un équipage recruté dans un ou quatre coins du monde et promptement acheminé à ses frais sur Caen. Quelle société de classification acceptera de valider l’adéquation du navire aux exigences des conventions internationales mises en oeuvre par l’OMI? Après quelques semaines de bricolage et de travail au noir dans des conditions de sécurité qui seraient jugées inadmissibles dans n’importe quel chantier naval ou garage français, l’ex-Gur Master se déclarera prêt pour le départ. La croisière du Magic Star, 150 m de long, construit en 1978, réservera encore quelques compromissions et surprises.
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