Les réunions préliminaires à la 14eme session de la conférence des parties à la Convention de Washington sur les espèces animales et végétales menacées d’extinction se sont déroulées dans des conditions glaciales à Paris. La dernière a eu lieu le 15 mai 2007. A cette occasion, les membres de la délégation française ont redit que la France était défavorable à la proposition du Kenya et du Mali sur la suspension du commerce international de l’ivoire pendant 20 ans. Cette position serait partagée par la majorité des membres de l’Union Européenne. Ce qui reste à prouver. Il se pourrait plutôt que la France tente d’imposer sa position à l’Union Européenne. La présence du délégué général de la Confédération des Métiers et des Utilisateurs des Ressources de la Nature (Comurnat) au sein de la délégation française et même au sein du ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables (MEDAD) depuis quelques semaines est à cet égard très instructive et très inquiétante.
A l’exception du WWF, toutes les organisations de la protection de la nature présentes à ces réunions ont exprimé et continuent à exprimer leur soutien et leur intérêt envers la proposition du Kenya et du Mali ou envers toute autre initiative éventuelle convergente. Cette proposition est imposée par la recrudescence manifeste des épisodes de braconnage, de meurtres de gardiens de parcs ou d’aires protégées, de corruption et de compromission de fonctionnaires, de diplomates et de militaires.
Les points soulevés par la France et l’Union Européenne pour rejeter la proposition du Kenya et du Mali ne sont pas recevables :
– Le moratoire est un instrument approprié au fonctionnement de la Convention. Par exemple, il a déjà été utilisé à Harare au Zimbabwe en 1997 lorsque trois populations d’éléphants d’Afrique australe ont été transférées de l’annexe 1 à l’annexe 2 et qu’un moratoire a suspendu tout commerce international d’ivoire après l’entrée en vigueur de ce transfert à l’annexe 2 pendant au moins 18 mois.
– Le système Mike financé par l’Union Européenne serait incompatible avec le moratoire proposé par le Kenya et le Mali. L’UE et le WWF ensemble en semblent très satisfaits ; pourtant cette usine à gaz contemplative et soporifique ne parvient absolument pas à dissuader le braconnage, la violence envers les gardes, les trafics illicites, les flux d’ivoire vers la Chine, l’Europe et le Moyen Orient et les ventes massives sur Internet. Le système Mike ne parvient qu’à faire l’inventaire macabre et partiel des carcasses d’éléphants dépouillés de leurs défenses.
D’autre part, l’Union Européenne et la France s’opposent par exemple à la suppression du lynx roux des Etats-Unis des annexes de la CITES au motif que la ressemblance de cette espèce avec le lynx d’Europe pourrait mettre en danger ce dernier ; elles omettent en même temps de prendre en compte qu’il est impossible dans l’état actuel du marché de distinguer un ivoire d’éléphant d’Afrique australe d’un ivoire d’éléphant d’Afrique équatoriale ou du continent asiatique et que l’autorisation accordée au commerce international d’ivoire à partir de l’Afrique du sud et australe met en péril tous les éléphants du continent africain et d’Asie.
Robin des Bois rappelle que la Convention de Washington concerne le commerce international et que tous les pays ayant une population d’éléphants restent souverains dans la gestion de cette population. Ils sont évidemment libres comme le souhaitent les organisations de protection de la nature de tirer profit d’activités touristiques liées à l’observation des éléphants et des autres espèces sauvages. Certains pays notamment en Afrique australe bénéficient de revenus importants liés à la chasse aux éléphants et à d’autres mammifères assimilés à du gibier.
Robin des Bois demande au gouvernement français d’adopter dans les heures qui suivent et après des semaines de tergiversation une position claire en faveur du sauvetage des éléphants d’Afrique et d’Asie et de soutenir la proposition du Kenya et du Mali. Toute autre position serait une position de compromission. L’Afrique a besoin d’autres mesures que la libéralisation du marché de l’ivoire et des peaux de panthères pour s’en sortir.
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