De Dunkerque à Menton, le linéaire côtier français est touché depuis le début de l’année par les arrivages d’hydrocarbures en provenance de dégazeurs masqués ou identifiés.
Le Finistère et les Côtes-d’Armor sont à nouveau touchés. Le Cotentin ne sera sans doute pas épargné, et il n’est pas exclu qu’une jonction y soit faite entre les boulettes du Prestige et celles du Tricolor.
Plutôt que de déclencher systématiquement les plans Polmar pour éponger avec le plus d’efficacité possible ces pollutions invasives, le gouvernement laisse le plus souvent les communes sinistrées se dépatouiller avec les moyens du bord et les finances locales.
Au risque, pour ce qui concerne le Morbihan, le Finistère et les Côtes-d’Armor de bégayer et de recommencer à stocker en haut de plage, dans des déchetteries ou autres endroits inappropriés, des dépots bruts d’hydrocarbures et d’algues mêlés. Conséquences des naufrages du Torrey Canyon (1967), du Boehlen (1976), de l’Olympic Bravery (1976), de l’Amoco Cadiz (1978), et du Tanio (1980), une quarantaine de ces stockages sauvages en haut de plage restent en place. En mars 2000, 20 millions de francs avaient été débloqués par le gouvernement pour compléter l’inventaire qui, de l’avis des spécialistes, n’est pas achevé, faire sur chaque site des prélèvements et analyses, et entreprendre si nécessaire des actions de transfert ou de mise en sécurité. Cet argent s’est perdu dans la nature, et n’a pas été à ce jour retrouvé. Le rapport du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) et de la DRIRE, datant de 1995 et remis au jour par Robin des Bois après le naufrage de l’Erika, souligne que l’inventaire est partiel pour ce qui concerne les déchets du Torrey Canyon et dans une moindre mesure pour les déchets de l’Amoco Cadiz. Ce même rapport conclut que des contrôles périodiques annuels ou bi-annuels, permettraient de mieux évaluer les risques.
Très prompte à se lamenter contre les dégazages et les présumés actes de piraterie environnementale de capitaines sans scrupules, la France se livre, elle, à un autre acte de sabotage écologique: il n’y a toujours pas d’intégration dans le droit national de la directive européenne dite “Marpol”. Cette transposition aurait dû intervenir au plus tard en décembre 2002. Elle a pour objectif de “réduire les rejets en mer de déchets d’exploitation des navires en améliorant la disponibilité et l’utilisation des installations de réception portuaires et de renforcer ainsi la protection du milieu marin”. Par déchets d’exploitation, l’Union Européenne entend les déchets domestiques non dégradables, les déchets de maintenance, les eaux résiduaires et les déchets d’hydrocarbures. Tous les ports sont concernés, de commerce, de pêche, de plaisance, ainsi que tous les navires de mer. Quelques organismes de gestion des ports questionnés par Robin des Bois déplorent ce retard, notamment la Chambre de Commerce et d’Industrie des Côtes-d’Armor. Au ministère des Transports, depuis 6 mois, on prétend que la sortie du décret est imminente. Dans l’attente, les boulettes de fioul et les bouteilles de plastique jonchent les plages dorées.
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