Faut-il légiférer pour empêcher les élus de s’occuper d’écologie ?
Après les détecteurs de fumées obligatoires dans tous les lieux de résidence sans que soient pris en compte les risques domestiques de la radioactivité (1 détecteur = 15.000 becquerels de sous-produits de fission), voici la sacralisation des Appellations d’Origine Contrôlée, coco de Paimpol, noix de Grenoble, chasselas de Moissac, kyrielle des fromages et poulet de Bresse. Il s’agit selon l’amendement du Sénat raccroché à la loi d’orientation agricole d’interdire, à compter du 1er janvier 2006, toute activité de stockage de déchets dangereux dans les aires de production d’origine contrôlée.
L’ambition des élus est d’éviter “de polluer physiquement, chimiquement ou même potentiellement les lieux de production agro-alimentaire à forte image et à valeur ajoutée”. Si l’on rajoute aux A.O.C., les I.G.P. (Indications Géographiques de Proximité), les agricultures raisonnables, pondérées, biologiques, certifiées et autres, il est sûr qu’une bonne partie de la France sera ainsi débarrassée de toutes activités de stockage de déchets dangereux. Les proposants citent en particulier les déchets industriels spéciaux et les déchets radioactifs. Il leur reste à étendre l’amendement aux centrales nucléaires, aux usines Seveso et quasi Seveso, aux sites pollués, aux transports de matières dangereuses, au stockage et à la manipulation de pesticides et à la circulation automobile – tous sources avérées ou potentielles de troubles à l’environnement et de la perception publique – et à interdire la pluie, le vent, et les animaux errants, qu’ils soient terrestres ou volatiles, tous porteurs potentiels de contaminations exogènes susceptibles de nuire à l’auréole des A.O.C..
Redoutant que cet amendement soit approuvé à l’unanimité, Robin des Bois dit que la terre entière dans tous ses états est une Appellation d’Origine Contrôlée, que les activités liées aux déchets doivent pouvoir s’implanter partout où il y a production de déchets, obligation et compétence à les traiter, sous la surveillance de tous, y compris des sénateurs et des députés dont on ne peut pas dire qu’ils fréquentent assidûment les Commissions Locales d’Information attachées aux sites industriels et d’élimination des déchets.
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