Le port de Rouen veut ouvrir un nouveau site d’immersion de boues de dragage dans la baie de Seine. L’enquête publique a été close hier. Cette « expérience » à 2 millions de m3 se pare de tralalas scientifiques comme le suivi de la bioaccumulation des éléments toxiques contenus dans les vases grâce à l’implantation de 7 cages à moules mouillées de 2 à 10 km du site d’immersion. Cette expérimentation animale menée par Ifremer est totalement inutile au regard du désastre écologique qui frappe à coup de métaux lourds et de PCB, perturbateurs endocriniens, l’ensemble de la baie de Seine de l’Est à l’Ouest et de haut en bas.
Selon l’avis de l’ANSES datant du 23 octobre 2009 et pris en compte par un arrêté préfectoral du 2 février 2010, les sardines de la baie de Seine sont non-conformes aux limites réglementaires sur les dioxines et les PCB et sont interdites de consommation et de commercialisation.
Le 13 mai 2011, un nouvel avis de l’ANSES sur les dioxines et les PCB dans les crustacés de la baie de Seine arrive à la conclusion que les tourteaux sont non-conformes dans l’ensemble de la baie de Seine de même que les étrilles dans la zone 3 dite estuaire de la Seine. L’ANSES souligne aussi au sujet des étrilles que des données complémentaires sont nécessaires pour les autres zones de la baie et recommande que les araignées de mer soient aussi échantillonnées. Les préfets de haute et de basse Normandie tardent à prendre des arrêtés d’interdiction et de commercialisation.
Au titre de crustacé témoin, le tourteau vit dans les fonds. C’est à la fois un détritivore et prédateur actif d’autres organismes benthiques, vers, mollusques et larves planctoniques. L’ensemble de sa chaîne alimentaire est directement soumis à l’influence des vases et de leur cycle, sédimentation/extraction/remobilisation/dispersion. Ce cycle perpétuel dans l’estuaire de la Seine, zone d’accumulation des polluants chimiques, bactériologiques et radioactifs du bassin parisien, contribue à l’empoisonnement progressif de toute la baie de Seine au sens large depuis l’Est de Cherbourg zone 1 au Tréport zone 4. Rouen dit que ses vases expérimentales sont inférieures aux niveaux réglementaires en vigueur. Il est nécessaire de rappeler ici que ces normes sont fixées par les grands ports maritimes regroupés au sein d’un groupe para-réglementaire, gravement retardataire et réfractaire aux recommandations sanitaires. A titre d’exemple, la grille GEODE ne prend pas en compte les dioxines ou les PCB assimilés à des dioxines, et se contente de 7 PCB indicateurs moyennés par kilo de vase. Pour rappel, Robin des Bois estime qu’environ 10 tonnes de PCB purs ont été dispersés dans la baie de Seine pendant la décennie 2000-2010 par le cumul des boues de dragages remobilisées et clapées par les ports de Rouen et du Havre. Il suffit d’un milliardième de gramme pour transformer un crabe, une anguille, une sardine, un maquereau en denrée alimentaire à risque. Ces informations et l’ensemble des arrêtés préfectoraux relatifs à l’interdiction de consommation des poissons sont disponibles dans le dernier inventaire PCB de Robin des Bois publié en juillet 2011. Pour sa part, « l’expérience » de Machu équivaudrait à un relargage d’environ 33 kilos de PCB purs selon les analyses mises à disposition dans le dossier d’enquête publique.
En conséquence, compte tenu du fait que ce phénomène d’accumulation des PCB dans les organismes marins se cumule « naturellement » avec les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les métaux lourds et d’autres polluants historiques ou émergents, Robin des Bois est opposé à l’ouverture de ce nouveau site d’immersion et se réserve de droit si toutefois l’autorisation était accordée de porter plainte à l’encontre de tous les acteurs qui auront contribué à cette décision de prolifération de la pollution. Cette position de Robin des Bois est valable pour ce projet dit du Machu et pour l’immersion supplémentaire des déblais de dragage issus de l’approfondissement éventuel du chenal de Rouen. L’adaptation des navires entrants dans les ports du Havre et de Rouen aux capacités écologiques existantes du fleuve et de son estuaire et le recyclage à terre des déblais des dragages d’entretien doivent être retenus comme des solutions viables.
Imprimer cet article