Le groupe scolaire Marie Curie, comprenant une école maternelle et une école primaire recevant environ 400 enfants âgé de 3 à 12 ans, est implanté sur un site pollué par des activités chimiques superposées entre 1850 et 1930.
Dès le milieu du 19ème siècle, les Etablissements Armet de Lisle ont fabriqué de la quinine et des colorants à partir de ferrocyanures produits par les usines à gaz de la région parisienne.
Cette activité particulière est susceptible, étant donné les conditions de gestion des matières et déchets dangereux en vigueur au 19 ème siècle, d’avoir contaminé les sous-sols et les aquifères adjacents, ainsi que les sédiments de la Marne.
Dans un deuxième temps, depuis le début du siècle, les établissements Armet de Lisle se sont diversifiés dans la concentration du radium, à partir de l’épuration de minerais naturellement radioactifs importés d’Europe Centrale, voire du Portugal et de Madagascar. Le traitement de ces minerais produisait des boues radifères, chargées en plomb, en acides chlorhydrique, nitrique et sulfurique, rejetées dans le milieu naturel par des puisards ou des canalisations sommaires encore non repérés, en direction de la Marne. Il produisait aussi des poussières et des stériles formant des crassiers dans les cours de l’usine.
La présence de radon à des taux anormaux dans les locaux du groupe scolaire est l’indicateur de matériaux à teneur radioactive enfouis dans la géologie sous-jacente. Ce radon – un gaz descendant du radium – représente la pointe émergée de l’iceberg, un iceberg de polluants qui menace la santé des enfants ou des enseignants et qui constitue une charge polluante pour les nappes d’eau souterraines, les captages d’eau de consommation humaine, et le réseau hydrologique local, dont la Marne.
Aujourd’hui, compte-tenu des réglementations en vigueur et des priorités définies par le Ministère de l’Environnement et le Ministère de l’Industrie, il est impératif, quelles que soient les réticences d’ordre pratique pour les familles ou financières pour la municipalité, que les déchets des usines et ateliers Armet de l’Isle spécialisés dans la chimie et l’extraction chimique du radium soient localisés et fassent l’objet d’un traitement approprié.
Dans cet objectif, il est irrémédiable de fermer l’école, de la transférer en d’autres lieux et d’autre bâtiments conformes à la situation d’urgence et aux intérêts des enfants, des enseignants et des habitants de l’ensemble du quartier.
Alors seulement, une cartographie des pollutions chimiques et radioactives et un assainissement des terrains pourront être entrepris, comme ils vont l’être dans les terrains d’une ex-usine de l’Ile-Saint-Denis analogue à celle de Nogent-Sur-Marne. Vous comprendrez que si nous nous réjouissons de la cessation des activités de transit de déchets d’abattoirs dans l’emprise de l’ex-usine de radium de l’Ile-Saint-Denis, nous soyons particulièrement indignés de constater qu’une école publique perpétue sa mission pédagogique et civique sur un tas de gravats et de remblais dangereux pour la collectivité et l’environnement et générés par les usines et atelier de radium de Nogent-Sur-Marne.
Imprimer cet article