Libye : la guerre du thon aura-t-elle lieu ?

19 nov. 2011

Liberté de Thon n°5.
22ème réunion ordinaire de la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique et des mers adjacentes (CICTA / ICCAT)

La tension monte entre la Libye et l’Union Européenne au sujet des quotas de thon rouge. A l’occasion de la 22ème réunion ordinaire de la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique et des mers adjacentes, la Libye demandait l’autorisation exceptionnelle d’utiliser au cours des prochaines années son quota non pêché en 2011 en raison des « circonstances exceptionnelles ». L’Union Européenne s’y est opposée, restant ferme sur le respect du Plan de rétablissement des populations de thon rouge qui ne permet pas les reports de quota d’une année sur l’autre.

La nouvelle délégation libyenne qui s’active depuis 10 jours pour obtenir gain de cause a tenté de convaincre la communauté internationale avec des arguments comptables: «Les quotas de l’année dernière sont restés dans les eaux, c’est une épargne ». Elle a également rappelé que la CICTA avait fait preuve de souplesse envers la Croatie en 1998 en raison là aussi de circonstances exceptionnelles. Pour autant la CICTA n’a pas approuvé le plan libyen et le nouveau délégué, comme le faisait souvent son prédécesseur, a levé un doigt comminatoire envers l’assistance. « Alors que la Libye faisait face à une terrible situation, d’autres pays sont venus dans nos eaux pour exploiter nos ressources. Nous voulons avoir des informations sur cette pêche illégale ». Effectivement le printemps dernier, des thoniers battant notamment des pavillons européens envoyaient des signaux depuis cette zone théoriquement fermée à la pêche. Des enquêtes sont en cours et l’Union Européenne n’a pas souhaité ou n’a pas pu apporter à ce stade ses éléments d’explication. En sortant de la salle de conférence, le chef de la délégation européenne a amicalement tapé dans le dos de son homologue libyen se voulant rassurant « Essayez l’année prochaine » lui a t-il dit. « Injuste» lui a répondu le délégué libyen.

Ca chauffe aussi pour les 10 senneurs battant pavillon libyen habituellement stationnés dans les ports de Sète et de Marseille (1). Le Conseil National de Transition effectue des enquêtes sur les intérêts du clan Kadhafi dans les activités de pêche et notamment sur Ras Alhilal Marine Services Company, l’armement libyen propriétaire officiel de ces navires ; ils pourraient être rapatriés à Tripoli et saisis. Or, ces navires sont jusqu’alors exploités par des intérêts français.
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(1) Le partenariat franco-libyen

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