Installations et exposition photos
9 juillet au 17 août 2008
Théatre Le Quai – Cale de la Savatte – Angers
Entrée libre du mercredi au dimanche de 14 h à 19 h
Hallucinations, mirages, déformations, affabulations, exagérations, peurs et impostures, les sources historiques des monstres marins représentés sur les cartes marines et les cosmographies du Moyen-Age sont multiples. Tout semble prouver qu’ils n’existent pas ou plus. Les baleines-serpents à cornes sommeillent dans les fonds de l’imaginaire, et les cachalots ont aujourd’hui le statut de victimes au détriment de celui de ravageurs.
Il y a aujourd’hui de nouvelles choses dans les algues, et dans les mers des bancs monstrueux de matériaux dangereux et inanimés qui tendent à remplacer les prairies de plancton et la biomasse de poissons. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement les définit ainsi : « Les déchets flottants sont des objets fabriqués et utilisés au profit de l’humanité. Ils ont ensuite été volontairement jetés directement en mer, dans les fleuves ou sur les plages, ou bien ils y ont été emmenés par l’intermédiaire des fleuves, des réseaux d’épuration des eaux usées, des bassins d’orage ou par le vent ; ils peuvent aussi avoir été volontairement abandonnés sur les plages ou le littoral ou encore avoir été perdus en mer de manière non intentionnelle, par exemple en période de gros temps, à l’exemple d’engins de pêche et de cargaisons des navires marchands ».
Dès 1930, des captures d’otaries à fourrure empêtrées dans des pièges de caoutchouc et de cordages à la dérive sont repérées au large de l’Alaska. Dans les années 1960, l’ingestion de fragments de plastiques par les macareux dans l’océan Atlantique et par les pétrels de l’Antarctique est constatée. En 1979 des arrivages massifs et réguliers de granulés de polystyrène sont observés sur le littoral espagnol et libanais. Le cumul des déchets rejetés en mer par les navires est estimé à 6 millions de tonnes par an mais 80 % des déchets qui peu à peu imprègnent l’océan mondial seraient d’origine tellurique. Par la faute des déchets à la dérive, un million d’oiseaux de mer et 100.000 mammifères marins seraient chaque année directement tués par étouffement, par strangulation, par ingestion, par enchevêtrement et immobilisation. Selon les statistiques de la convention OSPAR pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est, plus de 600.000 m3 de déchets joncheraient le fond de la mer du Nord.
Dans le cadre de l’installation « Monstres des mers », les équipes spécialisées de Robin des Bois ont, de la Méditerranée à la mer du Nord, collecté le pire en même temps que le banal et l’inattendu, le poétique et peut-être le tragique. Chaque épave à son histoire secrète ; l’immense majorité provient cependant de la négligence partagée, d’évènements saisonniers, des usages locaux, de la diversité des activités en mer, de la mondialisation et de la massification des transports maritimes.
Les déchets flottants ou gisant sur les fonds de l’océan mondial et sur le littoral sont une source majeure de contamination et de perturbation de l’écosystème marin et de la laisse de mer. Les impacts directs ou indirects de cette imprégnation, tels l’adsorption des polluants organiques, le transport de bactéries et d’espèces invasives et la formation d’un micro et nanoplancton plastique et synthétique sont encore sous-estimés. Les déchets dans les milieux aquatiques vont devenir un enjeu écologique et politique à l’échelle de l’Europe et du monde.
Robin des Bois remercie pour leur aide les associations ADELI, ESTRAN, Mer et Terre, CoLLeCT-IF ainsi que le club Le Doris Plongée, La Lorette et l’Office National des Forêts.
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