Le développement de la pêche des algues met en danger les forêts sous-marines de laminaires. Les forêts algales abritent plusieurs centaines d’espèces inféodées ou de passage : ormeaux, congres, couteaux, bars, spongiaires et bryozoaires. La faune sous-marine mobile ou fixée a besoin de cette jungle et de cet habitat à très fort potentiel de biodiversité.
Les algues – sauf les algues vertes – sont de plus en plus utilisées par les industries cosmétiques, para-pharmaceutiques et alimentaires et pour la fabrication d’aliments pour chiens et chats. Alors que des bateaux de plus en plus gros sont autorisés à la pêche aux algues et que le géant agroalimentaire Cargill vient de racheter l’usine de traitement d’algues de Lannilis, il est urgent de mieux mesurer l’impact indirect de la coupe claire des laminaires sur la biodiversité marine, toutes espèces confondues, de la microfaune aux mammifères marins en passant bien entendu par les ressources halieutiques. La récolte des laminaires est susceptible de créer en cascade des modifications et des appauvrissements des chaînes alimentaires marines.
Robin des Bois est favorable au gel des licences accordées aux bateaux spécialisés et à l’inscription des laminaires au registre national des espèces menacées. Les forêts atlantiques de laminaires méritent la même attention que les herbiers de posidonies en Méditerranée.
Les champs d’algues les plus vastes des côtes françaises sont situés dans l’archipel de Molène, où l’on a recensé 65 espèces différentes. Cet espace désigné comme Réserve de Biosphère de l’Unesco est aussi déclaré Zone de Protection Spéciale par le Ministère de l’Ecologie et proposé comme Site Natura 2000. L’archipel et ses forêts algales jouent un rôle majeur dans le régime alimentaire d’oiseaux marins dont certains sont reconnus d’intérêt communautaire – Sterne naine, Sterne pierregarin, Océanite tempête. Pendant que l’on expérimente péniblement en mer d’Iroise la création du premier Parc Naturel marin français, les flottilles goémonières n’oublient pas de le passer auparavant aux peignes fins mis au point en collaboration avec Ifremer.
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