Les Etats-Unis ont annoncé début septembre qu’ils procéderont le 8 octobre à la destruction de 5,4 tonnes d’ivoires illégaux saisis depuis 25 ans sur leur territoire. Cette destruction se fera en application de l’ordonnance exécutive du président Obama du 1er juillet 2013 relative à la lutte contre le trafic d’espèces sauvages. Les Etats-Unis ont en effet lancé un programme national et international visant à contrer « le massacre coordonné mis en œuvre par des organisations criminelles armées ». La tâche est immense.
La France n’est pas animée par le même élan. Robin des Bois a fait le 18 juillet dernier une demande officielle au Ministre de l’écologie pour que les stocks d’ivoires saisis par les douanes et autres autorités depuis l’entrée en vigueur de la Convention sur le commerce international de faune et de flore sauvages menacées d’extinction –CITES- soient détruits. A ce jour, le Ministère est muet.
De son côté, le Muséum National d’Histoire Naturelle refuse de communiquer à Robin des Bois l’état des stocks d’ivoire saisis en sa possession et confirme par écrit la déclaration publique d’un de ses agents. En France, les saisies sont utilisées pour mener des recherches de caractérisation des défenses d’ivoire « afin d’étudier leur potentiel pour identifier des populations [d’éléphants] et par là améliorer la traçabilité des futures saisies ». En fait, comme les Etats-Unis l’ont compris, ce type de recherche peut se faire avec un morceau d’ivoire grand comme un domino. Nul besoin de conserver des tonnes d’ivoire sur étagère. La seule réponse constructive aux courriers de Robin des Bois est venue de la Direction Générale des Douanes. La compilation des informations délivrées par les douanes fait état entre 1998 et 2012 de 8 tonnes d’ivoire saisis en France. Le poids des saisies effectuées entre 1975, année de l’entrée en vigueur de la CITES et l’inscription des premières populations d’éléphants aux annexes de protection, et 1998 est inconnu ou mal connu.
Robin des Bois renouvelle sa requête auprès de M. le Ministre de l’écologie et de la Présidence de la République (ci-dessous) et espère que la France répondra à l’appel des Etats-Unis lancé aux autres Etats membres de la CITES afin qu’ils détruisent leurs propres stocks et démontrent ainsi que la communauté internationale fait bloc pour lutter contre le braconnage et le trafic des espèces menacées.
Il est de l’intérêt de la biodiversité et de l’humanisme de sauver les éléphants.
Qu’un Etat stocke de l’ivoire comme il le fait avec des lingots d’or encourage la spéculation et suggère qu’un jour cette matière animale issue de la cruauté, de l’avidité humaine et de pratiques illégales pourrait être remise sur le marché.
Imprimer cet article