Synthèse des précédents Atlas PCB de Robin des Bois (juillet 2009 et octobre 2010).
A Varennes-le-Grand (71), la société Théméroil est autorisée depuis 1984 à pratiquer le traitement d’huiles usagées et de solvants chlorés sur le lieu-dit les « Mouilles », marécage en patois bourguignon. Les déchets issus de ces activités « auraient été éliminés en grande partie sur place ». Le site fait partie des sites répertoriés par la base de données BASOL du Ministère de l’Ecologie dont les sols et la nappe sont pollués par les PCB.
Depuis 1988 les nappes phréatiques, les puits et les captages sont pollués par les hydrocarbures aromatiques, les solvants chlorés et les métaux lourds. Le rapport du BRGM (BRGM-R-40121) soulignait en 1998 « le décalage entre les prescriptions officielles en matière de protection et d’investigation autour du site Théméroil et les réalisations effectives de l’exploitant ». Le site intra-muros de Théméroil et l’extra-muros sont imprégnés par les PCB. La compagnie reçoit des lots d’huiles usagées et manque de rigueur pour contrôler les teneurs en PCB. Sans en avoir l’autorisation administrative, elle « régénère » ces huiles et les vend sous la marque Cimarol en tant qu’huile de décoffrage au secteur du bâtiment en France et en Afrique du Nord. Cette régénération pourrait donc déboucher avec certains lots d’huiles très chargés en PCB sur des contaminations diffuses et domestiques.
En 2009, les analyses effectuées dans les fossés périphériques de l’emprise Théméroil par le syndicat des pêcheurs professionnels avaient mis en évidence la pollution des sédiments par les PCB. Les boues de curages antérieurs de ces fossés et busages ont été déposées dans des endroits inconnus en proximité. L’EDR commandée par la société et présentée à la DRIRE au printemps 2009 conclut que la pollution de la nappe « reste confinée au proche aval hydraulique », que la mise en place de barrières serait « d’une efficacité incertaine et d’un coût rédhibitoire », que « les risques induits sont acceptables » et ne recommande qu’un « meilleur positionnement des piézomètres ». Des inspections et une campagne d’analyses de la DRIRE ont abouti à une litanie d’arrêtés à ce jour peu suivis d’effet : arrêté de mesures d’urgence du 24 juillet 2009 par la préfecture de Saône-et-Loire qui prescrit notamment la mise en place d’un dispositif empêchant la migration des pollutions, le curage des fossés, et des analyses permettant la cartographie et la caractérisation des contaminations, arrêté complémentaire du 7 juin 2010 qui précise les modalités de curage des fossés, de confinement et d’élimination des eaux contaminées ainsi que le protocole d’analyses des poissons mais donne un délai de 10 ans pour le « retrait des sols pollués en PCB » à l’intérieur de l’emprise.
L’arrêté de mise en demeure du 9 août 2010 constate une nouvelle fois que les prescriptions préfectorales ne sont pas respectées. A ce jour, la DREAL se satisfait cependant d’une plaque de fer pompeusement qualifiée de barrage hydraulique dont la fonction serait de bloquer la dérive des sédiments pollués vers la Grosne et la Saône.
La consommation humaine et animale et la commercialisation des poissons benthiques pêchés dans la Saône est interdite par arrêté préfectoral depuis le 16 février 2009 en raison de leur contamination par les PCB.
Les services de l’Etat accompagnent les constats de pollution et d’infraction par des arrêtés préfectoraux d’indulgence renouvelable approuvés par le CODERST (Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques). Les CODERST sont des assemblées dirigées par un sous-préfet et composées de personnalités locales désignées qui dans leur immense majorité ne connaissent rien aux problèmes qui leur sont soumis.
© Florence Poli / Le Journal de Saône-et-Loire
En lien:
Arrêtés préfectoraux Théméroil
Article du 30 septembre 2010 dans le Journal de Saône-et-Loire
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