Plus de transparence pour l’offshore et moins de lumière

28 juin 2012

Bonn
Réunion plénière – Commission OSPAR pour la protection de l’Atlantique du Nord-Est.

A la fois très loin de la Guyane et tout près, les Etats-membres de la Commission OSPAR pour la protection de l’Atlantique du Nord-Est réunis à Bonn ont abordé l’industrie offshore avec Robin des Bois comme poisson-pilote. La zone de compétence de cette Commission internationale s’étend des eaux arctiques au Portugal.

Transparence
Environ 1.300 installations offshores pétrolières et gazières sont implantées dans l’espace OSPAR, principalement en Mer du Nord et en Mer de Norvège. Pionnier dans le domaine de l’industrialisation de la mer, ce secteur profite de son isolement géographique. Robin des Bois a proposé aux Etats-membres d’OSPAR de cartographier précisément les plates-formes et d’associer à chacune une fiche d’identité comprenant les dates clefs, la profondeur d’eau, la profondeur du forage dans le sous-sol océanique, le pavillon (certaines installations de forage dans la zone OSPAR sont sous pavillon Panama ou Iles Marshall), les noms des sociétés impliquées (propriétaires, opérateurs, exploitants, sous-traitants…), les accidents survenus sur site (incendies, rejets d’hydrocarbures…) et les principaux rejets chroniques. Cette proposition n’a pas été accueillie favorablement par la délégation du Royaume-Uni, ni par l’Association internationale des producteurs de pétrole et de gaz (OGP). La transparence ça coûte cher à mettre en place et toutes ces informations sont par ailleurs disponibles sur des banques de données payantes, disent-ils. Ces arguments n’ont pas convaincu. La France, la Suède, l’Espagne, l’Allemagne ont soutenu la proposition de Robin des Bois. L’ONG sera exceptionnellement invitée à la prochaine réunion du comité d’experts offshore d’OSPAR pour détailler le projet et les modalités de mise en œuvre envisageables. Jusqu’alors et depuis très longtemps, la France est représentée au sein de ce comité d’experts par TOTAL. Le changement est-il pour maintenant ?

A la demande de Robin des Bois, le Royaume-Uni présentera son analyse de l’accident de la plate-forme gazière de TOTAL sur le champ d’Elgin au large de l’Ecosse lors du prochain Comité Industrie Offshore d’OSPAR, malgré les réticences du chef de la délégation anglaise qui estime « qu’il n’y a pas eu de pollution » (1). Cette analyse sera débattue par les délégués des autres Etats-membres. Il aura fallu à TOTAL presque 2 mois à partir du 25 mars 2012 pour colmater les fuites, sans garantie de pérennité. En Arctique où l’exploitation offshore se développe, les moyens d’intervention seront beaucoup plus longs à mettre en œuvre ou inopérants.

Pollution lumineuse
Les plates-formes offshore sont aussi des pièges pour les oiseaux migrateurs. Les projecteurs de lumières dignes d’un stade de foot un soir de grand match fusent dans les ciels nuageux et attirent les oiseaux qui migrent préférentiellement la nuit pour éviter les prédateurs. Ils tournent, se cognent contre les superstructures, se fatiguent, tombent blessés ou morts sur les caillebotis ou dans la mer (2). 58 espèces sont impactées. Les Etats-membres d’OSPAR n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour imposer en période critique (mauvaise visibilité et période de migration) une réduction de l’intensité lumineuse sur les installations. Le principal opposant est … le Royaume-Uni. Le sujet a été maintenu dans le plan de travail d’OSPAR grâce au sauvetage de l’Allemagne, de la Suède et des Pays-Bas. Dans un premier temps un questionnaire va être envoyé aux opérateurs pour qu’ils déclarent leurs observations des vols d’encerclement et des mortalités. Robin des Bois a appelé les Etats à la vigilance : les réponses doivent être circonstanciées et les opérateurs peuvent unilatéralement prendre des mesures de réduction de la pollution lumineuse. Celles-ci, sur une plate-forme allemande en Mer de Wadden, ont déjà prouvé leur efficacité pour protéger les oiseaux tout en préservant la sécurité des travailleurs.

 

 

 

 

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