Des millions de pneus brûlent toujours à Artaix (Saône-et-Loire). Des pollutions atmosphériques importantes sont reconnues par la préfecture. Il est recommandé aux habitants qui, sans attendre la levée des mesures d’évacuation ont regagné leur domicile, “de ne pas s’exposer inutilement à l’extérieur”.
Cependant, une telle mesure de précaution ne peut pas être prise pour la faune sauvage, ni pour les animaux d’élevage (boeufs charolais et chèvres en particulier). De même, de très nombreuses ruches sont en activité dans les environs. Les productions agricoles et potagères ont, elles aussi, été exposées aux retombées de suies, poussières, et fumées toxiques. En conséquence des prélèvements et des analyses devraient être régulièrement effectués pendant plusieurs mois, afin de déterminer la migration des polluants dans les chaînes alimentaires, dans les puits, dans les citernes et les châteaux d’eau, et dans les eaux superficielles et souterraines.
La liste des polluants à rechercher devra inclure les phénols, les composés soufrés, les hydrocarbures, le benzène, le toluène, le xylène, le cadmium, le zinc, les dioxines et les furanes. Lorsqu’un pneu fond pendant une combustion, il libère de 3 à 7,5 litres d’hydrocarbures.
En France, la politique de gestion des pneus usagés est au point mort, voire en marche arrière: le projet de décret devant encadrer la création d’une filière nationale de recyclage a été soumis aux différents intervenants en 1994. Sa publication est attendue depuis 1999, mais la coalition des producteurs, importateurs, grands distributeurs a gelé la situation en refusant en particulier la création d’une écotaxe de moins d’un euro attachée à chaque pneu mis sur le marché. Le ministère de l’environnement n’a pas imposé les mesures techniques et économiques nécessaires.
Aujourd’hui le marché du pneu usagé s’oriente de plus en plus vers l’exportation en Afrique, en parallèle avec l’exportation des véhicules hors d’usage. A Artaix, c’est un citoyen camerounais qui s’était porté acquéreur du stock de plusieurs millions de pneus pour un franc symbolique, lors de la mise en liquidation du précédent exploitant. Quelques conteneurs de pneus auraient quitté Artaix en 2001, à destination de l’Afrique.
Actuellement en France la filière la plus structurée pour l’élimination des vieux pneus, à savoir l’incinération en cimenteries, privilégie les farines animales en tant que combustible de substitution.
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