Pornichet
“Le plan de secours spécialisé POLMAR terre du département devra obligatoirement comporter: (…) L’inventaire des sites de stockage temporaire des déchets récupérés dont certains devraient être acquis et aménagés à titre préventif: cet inventaire devra préciser leurs possibilités d’accès, leur nature foncière, les travaux éventuels d’étanchéité.” La circulaire du 17 décembre 1997 relative à la lutte contre les pollutions accidentelles du milieu marin et au plan de secours spécialisé Polmar a fait naufrage dès sa publication.
Les sites de stockage “temporaires” en bordure de plages et dans l’arrière-pays sont autant de nouveaux sites pollués. La gestion de la marée noire a été abandonnée aux municipalités. Aucune information ne leur a été communiquée sur les mesures de protection à adopter pour le stockage du fuel et des déchets souillés ramassés par les bénévoles, les services municipaux, les pompiers, les Directions Départementales de l’Équipement -DDE- et l’armée. Le tri en amont des différents sédiments et matériaux souillés tels les bottes, gants, combinaisons, sacs plastiques, poubelles, algues, oiseaux morts n’est pas effectué. Cette absence de tri et de conditionnement compliquera considérablement l’élimination des déchets.
A titre d’exemple, parmi les sites visités par Robin des Bois ces derniers jours en Loire-Atlantique, le stockage “temporaire” des Moutiers-en-Retz en bordure de plage, dans une fosse non étanchéifiée, contamine l’eau, les dunes, les marais et les pâtures environnantes. Le tas de plusieurs centaines de tonnes de fuel a été recouvert aujourd’hui de sable. Sur la commune de la Bernerie, la décharge brute a servi d’exutoire. A quelques centaines de mètres, du fuel échappé des camions ne répondant pas au Règlement sur le Transport des Matières Dangereuses a été déposé en contrebas d’une route départementale, sur un terrain appartenant à la DDE de Loire-Atlantique et mélangé à du varech “bon pour votre jardin” selon l’agent présent.
A côté du site de la raffinerie Elf-Aquitaine à Donges, deux nouvelles fosses d’une capacité chacune de 20.000 m3 vont être creusées en urgence pour tenter de faire face au raz-de-marée des déchets. Comme dans les fosses situées à l’intérieur de la raffinerie ou sur le site d’Octel, les eaux de décantation chargées en hydrocarbures seront évacuées vers la Loire.
Aucun des sites intermédiaires visités ne répond aux prescriptions techniques de stockage des hydrocarbures. Les bâches de fortune ne résistent pas aux poinçonnements et déchirures causés par les engins, et ne résisteront pas à la corrosion provoquée par le fuel. Les sols accueillant les déchets sont perméables et ne remplissent pas le rôle de barrière passive.
Le pollueur, l’État et ses services décentralisés doivent aider les communes sinistrées dans la gestion de ces déchets toxiques. L’apport d’informations claires et de matériel comme des bennes, des big-bags et des géomembranes est urgent, et évitera la création d’une multitude de sites contaminés relarguant les polluants dans l’environnement, en particulier dans les nappes d’eaux superficielles et souterraines. D’ores et déjà, les sites pollués doivent être répertoriés et mémorisés avec l’aide des riverains et un programme de décontamination entrepris au plus vite.
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