Nous souhaitons que dans la mesure du possible technique et pour éviter toute pathologie et inquiétude supplémentaires des populations d’Abidjan, les déchets épandus il y a un mois sur plus de 10 sites autour de la capitale de la Côte d’Ivoire soient regroupés, reconcentrés, reconditionnés et expédiés pour traitement en Europe. Il est tout simplement scandaleux qu’aucune initiative en ce sens n’ait encore été formulée ou entreprise par l’armateur, l’affréteur ou à défaut les autorités politiques européennes. Au-delà des polémiques sur d’éventuelles complicités en Côte d’Ivoire, il est évident que la volonté et le fait de décharger ces déchets toxiques dans un pays dont la filière d’élimination est quasiment nulle constituent un délit.
Si cette opération retour est possible – ce qui suppose que les déchets soient encore localisables et non dispersés ou dilués – nous espérons que l’accueil en Europe du navire porteur sera meilleur que celui réservé au Karin B. Parti fin juillet 1988 du port de Koko au Nigéria avec 2.800 t de déchets toxiques d’origines diverses qui avaient été exportés depuis l’Italie un an auparavant, le Karin B a été refusé aux Pays-Bas, en France, en Angleterre, en Belgique, en Espagne. Pourtant ces déchets – des résidus de peinture et de phénol – étaient stockables et traitables dans plusieurs installations européennes spécialisées. La phobie de cette cargaison en Europe interdisait son débarquement tout en s’accompagnant d’un vaste cri d’indignation humanitaire face à l’exportation vers l’Afrique de rebuts toxiques. En définitive, après 8 semaines d’errances, le Karin B et son équipage étaient accueillis dans le port italien de Livourne sur décision expresse du gouvernement et malgré des manifestations d’hostilité.
20 ans après le scandale du Karin B, nous souhaitons que l’Europe revendique et accepte le retour des déchets qui ont été, en août 2006, indûment déposés à Abidjan.
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