A Brest, dans le cadre du colloque International Safer Seas, les experts de l’Union Européenne exposent les mesures déjà prises, en réaction au naufrage de l’Erika, visant à améliorer la sécurité de navigation des navires-citernes, à renforcer les contrôles dans les ports et à mettre sous surveillance les sociétés de classification. Le respect des procédures en cas de changement de classe, la transparence dans la communication des informations et l’exigence préalable de bonnes performances de sécurité et de prévention des pollutions sont des critères essentiels en vue d’obtenir et de conserver l’agrément européen relatif aux sociétés de classification.
A Cherbourg, le Gatteville, d’un port en lourd de 2060 tonnes, construit en 1970, vient d’être revendu par son armateur français, la Copamar, à un armateur grec, Hellenic Slops, spécialisé dans la collecte et le traitement de déchets d’hydrocarbures. Un de ses navires a pris feu et explosé dans le port du Pirée en Juin 2000. Une marée noire importante a dérivé alors jusqu’à l’Ile d’Egina, à 12 milles nautiques du lieu de l’accident (Source Fipol – Rapport annuel 2000).
Le Gatteville, dès le jour de la vente, a arboré le pavillon panaméen et reçu quelques marins grecs chargés de le remettre en état de marche. Immobilisé depuis un an et demi, les tôles sont “flambées” selon plusieurs membres de l’ex-équipage et les résultats de la visite en cale sèche qu’il a subie en 1999 au Havre ont été truqués ou tronqués ou adaptés aux activités de soutage en rade de Cherbourg qui constituaient la vocation exclusive du navire depuis 1996. La Convention internationale Marpol dit que les navires-citernes de plus de trente ans doivent subir une refonte totale. Le Gatteville est à quai à Cherbourg depuis que Total, son affréteur, a décidé, dans le sillage de l’affaire de l’Erika de ne plus utiliser de navires âgés de plus de 25 ans.
La nouvelle société de classification du Gatteville est inconnue. Det Norske Véritas a démenti s’occuper de ce qui n’est plus tout à fait un navire puisque ses classes de navigation lui ont été retirées – et pas seulement suspendues – par le bureau Véritas en Septembre 2001. Le Gatteville pourrait être classifié par le Panama Bureau of Shipping ou le Panama Register Corporation. Même les marins n’en savent rien. Le préfet maritime de Cherbourg en sait-il quelque chose?
D’après le rapport de l’Assemblée Nationale sur la sécurité du transport maritime des produits dangereux ou polluants, l’état des navires-citernes garantit une bonne sécurité lorsqu’ils sont âgés de moins de 15 ans. Panama est d’ailleurs le reposoir des bateaux de plus de 25 ans; les pertes totales de navires telles qu’elles sont inventoriées dans le même rapport le prouvent.
Pourtant, le Gatteville quitterait Cherbourg par ses propres moyens à la fin de la semaine pour regagner Athènes et la Méditerranée via le Golfe de Gascogne. Panama, premier financier de l’Organisation Maritime Internationale fait sa loi en Europe.