Lettre ouverte distribuée devant les entrées du chantier Port 2000 le 26 mars 2003.
A l’attention de tous les intervenants sur Port 2000.
Vous travaillez sur un chantier pollué par des vestiges de guerre. Tout creusement, remaniement, perforation, aspiration ou choc dans les terrains ou fonds doivent être systématiquement précédés d’une dépollution pyrotechnique, c’est-à-dire d’un retrait systématique et préalable de toutes les munitions enfouies. Or, de nombreuses munitions ont été mises à jour par les engins de chantier. Vos employeurs comptent sur vous pour découvrir les bombes, assumer en toute illégalité cette phase la plus dangereuse des travaux, et rattraper des délais et des coûts mal évalués. Le Havre a été frappé par un déluge de bombes durant la dernière guerre mondiale, et plus de 12.000 tonnes ont été lâchées en septembre 1944. La zone industrialo-portuaire a été une cible stratégique intensément bombardée.
L’État, le Port Autonome du Havre et certains attributaires des marchés violent la réglementation en vigueur et une Ordonnance du Conseil d’État rendue en juin 2001 après saisine de Robin des Bois. Celle-ci n’autorise l’exécution des travaux qu’après l’achèvement des opérations de déminage/débombage et la délivrance d’un certificat de dépollution pyrotechnique. Dans le cas présent, ce certificat n’a pas été rendu, le terrain est toujours miné.
Plus les travaux avancent, plus les risques sont grands pour les conducteurs d’engins et toute personne située dans le périmètre de danger. Dans les remblais superficiels (jusqu’à +1CMH), des munitions de petit calibre type obus de 90mm sont susceptibles d’être découvertes. Au delà (de +1 CMH jusqu’à -15,5 CMH) le risque va croissant à l’approche du niveau naturel de 1944 qui nécessite une phase spécifique de détection et de déminage. Toutes les classes de munitions sont susceptibles d’y être mises à jour: obus d’artillerie de marine et de défense anti-aérienne, bombes d’aviation de toutes tailles et de tous types (incendiaires, pénétrantes …). Pour un obus de 90 mm (3 kg de TNT), la zone mortelle se situe dans un rayon de 32 m, et le rayon de sécurité doit être de 600 m. Pour une bombe type PC 1400, contenant 300 kg de TNT, la distance maximale de projection de fragments dans l’air est de 1600 m, et le rayon mortel est de 147 m.
Aux risques pour les personnes s’ajoutent les risques pour les citernes d’hydrocarbures de la Compagnie Industrielle Maritime (5,5 millions de tonnes) situées pour les plus proches à 500 m des terrassement, et à 50m des remblaiements. Nous venons d’apprendre que les entreprises de dragages refusent désormais de travailler dans certaines zones du chantier.
L’État a la mémoire courte, ne respecte pas ses propres lois et ne mobilise pas ses moyens de contrôle et de police. Robin des Bois se doit de vous en avertir et reste à votre disposition pour pallier dans la mesure du possible au manque d’information délivrée par les responsables du chantier.
Imprimer cet article