Une grosse tortue engluée dans le fuel
Depuis le 9 décembre 2002, les pouvoirs publics et les communes visées par la marée noire du Prestige se disent prêts et attendent “de pied ferme” les arrivages. En fait, après quelques rodomontades et démonstrations de la patrouille des chalutiers à fuel complètement inopérante sur des nappes fragmentées et indétectables, tous les échelons de la préparation à la lutte se sont engourdis pour les fêtes de fin d’année, rassurés par les ballottements des vents et les renverses de courants. Dans ce domaine, la coopération franco-espagnole fonctionne bien.
Les boulettes de Polmar
Sur le site internet du ministère de l’Ecologie, tout est net depuis le 17 décembre. Sur le terrain, tout est vague face à la menace des résidus du Prestige, à court et à long terme. Les côtes espagnoles voisines, en Pays Basque et dans les Asturies, luttent contre l’invasion des boulettes et des galettes rejetées sur les rochers, les plages et les hauts de plages au gré des marées. Les boulettes s’infiltrent et s’enfoncent. La récupération est laborieuse, parfois réalisée par tamisage avec les moyens du bord. En France, dans la continuité du littoral, aucune benne n’est prépositionnée en haut de plage, un seul site de regroupement des déchets est en cours de construction, à Mouguerre près de Bayonne. Il est implanté à deux mètres d’un pipeline d’hydrocarbures, et bordé par deux fossés de collecte qui se jettent dans l’Adour. A quelques kilomètres, sur le port de Bayonne, les déchets-ventouse de la marée noire du Capetan Tsanniz attendent depuis cinq ans un traitement hypothétique sous des bâches arrachées.