Bulletin « A la Casse » n°47. Le pur miroir de la mondialisation
Du 1er janvier au 31 mars 2017, sur 240 navires, 225 étaient en cours de destruction en Inde, au Bangladesh, au Pakistan, en Chine et en Turquie. 44 sont partis en Asie pour leur dernier voyage sous des pavillons d’opportunité financière ou diplomatique comme Saint-Kitts-et-Nevis, Palaos, Togo, Niue ou Mongolie. 76 avaient été construits en Europe avec de l’acier européen et de l’amiante russe ou canadien. Seulement 5 navires sont en cours de destruction dans des chantiers européens.
Bulletin « A la Casse » n°40
Bulletin trimestriel d’information et d’analyses sur les navires en fin de vie
Bulletin « A la Casse » n° 39
“A la Casse”
Bulletin trimestriel d’information et d’analyses sur les navires en fin de vie
n° 39, du 1er janvier au 31 mars 2015
pdf 77 pages. 9,5 Mo
– Un convoi de 46 km de long est parti à la casse en janvier /février/mars 2015 (contre 38 km pour le dernier trimestre 2014).
– Kuito, le mammouth radioactif échoué pour démolition à Aliaga, Turquie, soulève des inquiétudes (p. 60). L’industrie pétrolière est exposée à la radioactivité naturelle renforcée. Le pétrole brut est riche en radium. Des dépôts de radium se concentrent dans les pompes, les canalisations, les citernes en amont du raffinage. Les teneurs peuvent atteindre 15.000 Bq/gr. Ce sont des déchets radioactifs à vie longue. Le démantèlement des FPSO (Floating Production Storage Offloading, unité flottante de production de stockage et de déchargement) expose les travailleurs des chantiers à des contaminations internes et externes. L’autorité de sûreté nucléaire turque est sur ses gardes.
Les déchets du Probo Koala – 2006/2016
Sous les ordres de la multinationale Trafigura, le Probo Koala a procédé au raffinage sauvage d’une coupe pétrolière mexicaine très riche en composés soufrés alors qu’il stationnait au large de Gibraltar. La méthode employée était dérivée du procédé Merox. Ce procédé historique sous-produit deux gaz nauséabonds et mortels à forte concentration : le mercaptan et l’hydrogène sulfuré. Début juillet 2006, le Probo Koala se rend à Amsterdam et Trafigura tente de faire passer ses déchets de désulfuration pour des déchets normaux, c’est-à-dire des résidus de cargaison. APS -Amsterdam Port Services- se rend compte de la tentative d’arnaque alors qu’une partie des déchets est déjà déchargée. Le devis pour le traitement passe alors de 23 à 900 euros le m3. Trafigura refuse de payer et devient menaçant. Les autorités hollandaises et APS cèdent et autorisent le rechargement des déchets sur le Probo Koala. Le navire reprend la mer avec sa cargaison toxique, fait une nouvelle escale européenne à Paldiski en Estonie et prend la route de l’Afrique. Au final, les déchets sont déchargés en août 2006 à Abidjan, Côte d’Ivoire, où ils sèment la panique et provoquent selon le bilan officiel 100.000 intoxications et 16 morts.
Robin des Bois a mené des investigations en Côte d’Ivoire dès septembre 2006 et a été un membre clef de la Commission Internationale d’Enquête nommée par le gouvernement ivoirien. L’association a également travaillé auprès des institutions européennes et internationales ; depuis janvier 2014, l’Organisation Maritime Internationale a interdit les procédés de production à bord des navires et le mélange en mer de cargaisons liquides.
L’histoire du Probo Koala est racontée dans « Le Cargo de la Honte », livre coécrit par Robin des Bois et Bernard Dussol (Édition Stock 2010).
Alerte à Cherbourg n°2
Le Serval, un remorqueur construit en 1977, battant pavillon Saint-Vincent-et-Grenadines, arrive à Cherbourg. La dernière inspection du Serval en janvier 2015 dans le port de Gdynia en Pologne a relevé 11 déficiences. Cet état de précarité est notable depuis 8 ans. En 2007, le Serval avait été détenu au Danemark, 23 déficiences.
Le Serval ne vient pas à Cherbourg pour être démoli. Il est dans le port normand pour remorquer aux risques et périls de la mer un vieux thonier désaffecté et cloué à quai depuis l’été 2007. Le Marginella, construit en 1985, mesure 55 m de long. Son équipage type est de 25 marins. Il appartenait à la flotte thonière soviétique. Il est le dernier survivant de 11 unités de thonier senneur du programme Tibiya construits entre 1980 et 1986, si l’on excepte le Tibiya lui-même transformé en navire de servitudes dans la mer Caspienne.