La marée noire déménage à Herbignac
Après l’épisode grotesque et consensuel du dragage des ports du Croisic et de la Turballe, et l’immersion des déchets à quelques centaines de mètres du littoral, survient l’enlèvement de 26.000 tonnes de rochers estampillés “Erika” vers la carrière de la Clarté, dans le parc régional de la Brière.
Encore une fois sans enquête publique, et sous le couvert d’une urgence préfabriquée par un montage d’appels d’offres infructueux, des grandes manoeuvres et des grossiers coups de balais dont se félicitent élus, hôteliers et en l’occurrence les paludiers, masquent des risques sanitaires et environnementaux.
Le Havre: le Port Autonome stocke des déchets radioactifs
Depuis 1995 des précautions sont prises pour encadrer les chantiers de démolition des usines d’engrais phosphatés. En effet, un portique de détection de la radioactivité installé chez un ferrailleur de la région parisienne s’était déclenché à l’arrivée d’un camion en provenance d’une usine de ce type appartenant à Rhône-Poulenc près de Lyon. Les usines d’engrais phosphatés utilisent des phosphates naturellement riches en uranium. Au fil de plusieurs dizaines d’années d’activité, des tartres radioactifs contenant principalement de l’uranium et du radium 226 -particulièrement toxique- se sont accumulés dans les installations. Suite à cette alerte, la démolition d’une usine analogue dans la zone industrielle et portuaire du Havre a fait l’objet à la demande de Robin des Bois d’un arrêté préfectoral imposant un protocole de démontage et de traitement validé par l’Office de Protection contre les Radiations Ionisantes (OPRI). Une attention particulière devait être portée sur l’atelier d’épuration de l’acide phosphorique et sur les bases des bacs de stockage d’acide.
Plein feu sur les farines
Robin des Bois demande la création d’une Commission Nationale d’Information et de Surveillance afin d’assurer un éclairage cohérent et l’information du public sur l’ensemble des opérations de fabrication, de transport, de stockage intermédiaire et d’élimination des farines et des graisses animales.
En effet, chez les équarrisseurs beaucoup de sites de fabrication de farines et de graisses animales ne répondent pas aux normes pour la protection de l’environnement, en particulier sur le traitement des eaux de process, de lavage, et des eaux pluviales. Des cuves de stockage vétustes et sans bassins de rétention sont encore utilisées pour les graisses, tandis que les farines sont parfois stockées en plein air ou dans des hangars ouverts aux incursions de chats, renards, sangliers, rats, pigeons, corvidés, étourneaux, mouettes…, et sont propices aux pullulations d’insectes. Autant de vecteurs possibles de dispersion d’agents infectieux dans l’environnement.
TOTAL veut mouiller l’Etat
Fin décembre 1999, 15 jours après le naufrage de l’Erika, Total s’est engagé à traiter les déchets ramassés sur le littoral. Le choix des filières d’élimination devait être annoncé à la mi-juin et les travaux préliminaires immédiatement lancés. 200 millions de francs ont été provisionnés à cet effet, une somme sans doute insuffisante au regard des 250.000 tonnes de déchets qui seront stockés d’ici la fin de l’été, auxquels s’ajouteront les matériaux de décontamination des criques et rochers qui reprendront à la rentrée.
Les déchets nucléaires sont sous le paillasson*
Les déchets de haute activité et à vie longue sont provisoirement entreposés dans l’enceinte de l’usine de retraitement de la Hague. Cette décharge interne, dans des bâtiments de surface, s’éternise dangereusement ; à cause des tergiversations pour ce qui concerne les déchets français et de l’incapacité technique et politique des pays étrangers à reprendre leurs déchets. Cette situation est contraire à l’objectif fondamental assigné au stockage des déchets de ce type, qui est de protéger les personnes et l’environnement à court terme et à long terme et dans toutes les situations prévisibles.