Fin décembre 1999, 15 jours après le naufrage de l’Erika, Total s’est engagé à traiter les déchets ramassés sur le littoral. Le choix des filières d’élimination devait être annoncé à la mi-juin et les travaux préliminaires immédiatement lancés. 200 millions de francs ont été provisionnés à cet effet, une somme sans doute insuffisante au regard des 250.000 tonnes de déchets qui seront stockés d’ici la fin de l’été, auxquels s’ajouteront les matériaux de décontamination des criques et rochers qui reprendront à la rentrée.
Depuis 8 mois, ces déchets sont rassemblés à Donges et à Paimboeuf en Loire-Atlantique. A Donges, ils ne sont pas protégés des eaux pluviales. Total est réticent à recouvrir les aires de stockage, une mesure préconisée par la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) qui réduirait la charge en eaux des massifs de déchets et les risques d’infiltration et de percolation des hydrocarbures dans les sous-sols et les eaux souterraines.
Début juillet 2000, la Mission Littoral Atlantique de Total a choisi la filière de traitement et l’opérateur. Il s’agit du criblage et de l’extraction des macro-déchets qui seront incinérés, et d’un lavage à l’eau chaude ou au gasoil des déchets homogènes. Le traitement se fera à l’intérieur de la raffinerie de Donges et les eaux résiduaires polluées y seraient traitées. La destination des sables lavés n’a pas encore été déterminée. Elle devrait dépendre de leurs degré de dépollution.
Mais Monsieur Desmarest refuse depuis un mois d’entériner la décision de la Mission Littoral. Il cherche en dernière minute à cosigner avec l’État français un protocole d’accord sur le traitement des déchets qui mettrait en avant la démarche volontaire de la compagnie pétrolière. Total souhaite en particulier éviter que le financement et l’encadrement technique des opérations de traitement puissent être perçus comme une reconnaissance de responsabilité.
Au Ministère de l’Environnement, on se dit surpris par cette nouvelle exigence de Total et selon le service juridique, la rédaction de ce protocole pose des problèmes. Il pourrait en effet interférer avec les procès en cours intentés par les communes littorales, dont Mesquer, qui visent à imputer à Total les frais de ramassage des déchets sur les plages.
Quand en décembre 1993 des pesticides produits par Ciba Geigy se sont échoués sur le littoral atlantique, ils ont été considérés comme des produits destinés à l’abandon, donc des déchets, et Ciba Geigy a été mis en demeure de procéder à leur enlèvement et à leur élimination. La firme suisse s’est exécutée. Pourquoi l’État ne fait-il pas preuve de la même détermination à l’égard de Total ?
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