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Son arrivée était programmée début novembre dans une base russe du continent des manchots empereurs et des manchots Adélie. Aujourd’hui même, le Sevmorput fait des ronds dans l’eau au large de l’Angola et du Congo-Brazzaville. Depuis plusieurs jours, ses mouvements erratiques ont été signalés par le journal Barents Observer. La trajectoire du Sevmorput continue à être atypique. Le Sevmorput pourrait être confronté à des problèmes techniques ou à des polémiques diplomatiques.
Le traité de l’Antarctique y interdit le dépôt de déchets nucléaires. Le dernier et unique recours officiel à l’énergie nucléaire en Antarctique remonte à la décennie 60-70 quand une centrale nucléaire de 1,8 mégawatt fournissait de l’électricité à la base scientifique américaine de McMurdo.
Le Sevmorput transporte des matériaux de construction et des équipements lourds à destination de la base scientifique russe Vostok.
Le moteur principal du Sevmorput est un réacteur nucléaire d’une puissance de 135 mégawatts. Le Sevmorput est le dernier navire de commerce à propulsion nucléaire à être encore en activité.
Refoulé de tous les ports civils occidentaux peu désireux d’accueillir un navire dont ils ne sauraient quoi faire en cas d’incendie ou autre évènement majeur, le Sevmorput était désarmé à Mourmansk depuis 2008, retiré du registre naval russe depuis 2012 et promis à la casse. Il a été en 2013 brusquement tiré de sa torpeur et de son cercueil et remis en service en 2015 (cf. “A la Casse” n°31 p. 84 et n°34 p.12-13).
En 2019 et en 2020, il a livré des colis lourds à un complexe minier sur l’île de la Nouvelle-Zemble en Arctique et des pommes de terre et autres produits alimentaires entre Saint-Pétersbourg et Petropavlovsk en mer d’Okhotsk.
Après ces galops d’essai, le vieux bourrin nucléaire a été lancé dans le grand bain à travers l’Atlantique nord et l’Atlantique sud. Il est passé sous le nez de la France et de la presqu’île de La Hague courant octobre sans que le préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord le signale à la vigilance des usagers de la mer.
L’aventureux voyage du Sevmorput entre le pôle nord et le pôle sud est sans doute considéré par la confrérie nucléaire internationale comme un démonstrateur de l’efficacité de l’énergie nucléaire appliqué à la marine marchande.
Aucune protestation officielle n’a jusqu’alors été émise au sujet de l’intrusion sur le littoral Antarctique d’un cargo de 260 m de long dont le naufrage, l’incendie, l’échouement, l’emprisonnement par les glaces, la collision avec un iceberg provoqueraient une catastrophe inédite et démontreraient l’imprévoyance de la communauté internationale.
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