3 millions et demi de pneus sont en cours de combustion à Artaix en Saône-et-Loire. Les 35 personnes évacuées le resteront pendant plusieurs jours car les incendies de pneus sont réputés inextinguibles jusqu’à l’épuisement des stocks. Les principaux sous-produits toxiques issus de la combustion sont les hydrocarbures polyaromatiques, les composés organiques volatils, comme le benzène, toluène et xylène, le soufre, les phénols, le zinc et le cadmium. Une fois éteint, le stock devra être surveillé pendant plusieurs semaines: des reprises de feu ont été constatées lors de précédents sinistres.
Les sites d’incendies de stocks de pneus sont considérés par les agences spécialisées comme l’Ademe -Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie- comme des sites pollués.
Outre la pollution atmosphérique et la redéposition des polluants sur les productions agricoles, la nuisance la plus persistante engendrée par ce type d’accident relève de la pollution des eaux souterraines et superficielles par la migration des goudrons et des phénols.
L’incendie de stocks importants de pneus doit être considéré comme un accident majeur, alors que ces accumulations de déchets toxiques ne sont pas listées parmi les installations prioritaires sujettes à contrôle de la part des services de l’État.
Ces décharges de pneus sont le plus souvent gérées par des artisans récupérateurs sans culture technique. Leur assise financière est souvent précaire et ne permet pas, le moment venu, de participer matériellement à l’organisation des secours et plus tard à l’évacuation des imbrûlés et aux actions de réhabilitation des sols et sous-sols.
Le recyclage des vieux pneus, malgré les déclarations d’intention et l’entrée en vigueur de la loi relative à la prévention et à la gestion des déchets de 1992, n’a pas encore trouvé son équilibre technique et économique. En conséquence, les 400.000 tonnes de pneus mis au rebut chaque année en France s’entassent dans des décharges sauvages ou autorisées, sont dispersées dans la France rurale pour lester les bâches d’ensilage ou, ce qui n’est pas mieux, exportés dans les pays en voie de développement.
Enfin, quand ils ne prennent pas feu, les stocks sont des incubateurs à moustiques lorsque les pneus ne sont pas protégés des eaux de pluie, ce qui est quasiment la règle. La réapparition dans le sud de la France du virus de la dengue s’explique en partie par les stockages de pneus au grand air. De même, la première observation du moustique-tigre originaire d’Asie du sud-est a été effectuée en 1999 dans un stock de pneus usagés en provenance des États-Unis et du Japon, importés dans l’Orne par une entreprise de recyclage.
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