Bangkok – Convention sur le commerce international d’espèces animales et végétales menacées d’extinction (CITES ou Convention de Washington)
Par voie de résolution, le Parlement Européen vient de demander aux pays-membres de l’Union et à la Commission d’appliquer le principe de précaution à la prochaine CITES, et de soutenir la proposition du Kenya pour un moratoire de 20 ans sur le commerce international de l’ivoire. 12 pays africains ont déjà exprimé leur soutien à cette proposition en juin dernier à Paris. La France a annoncé qu’elle la soutenait également mais sous certaines réserves notamment sur la durée du moratoire. La 13ème Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES ou Convention de Washington) se tiendra à Bangkok du 2 au 14 octobre 2004, en présence de 166 pays-membres, de nombreux groupes de défense des chasseurs ou des chassés et de Robin des Bois.
1- L’éléphant africain est cerné par la recrudescence des guerres, des pillages, des troubles, et des migrations humaines et est attaqué au lance-roquettes par des caravanes de combattants. Contrôler les échanges panafricains et internationaux d’ivoire est par conséquent impossible. Depuis septembre 2002, la partie nord de la Côte-d’Ivoire est inaccessible pour cause de rébellion et personne ne sait combien de défenses ont été écoulées clandestinement sur le marché international depuis ce pays, ni combien il y reste d’éléphants. Le braconnage sur le reste du territoire est en augmentation : 30 éléphants tués en 1997 et 52 en 2001.
En République Démocratique du Congo, dans le parc de Kahuzi-Biega, le braconnage est en augmentation ; 250 éléphants y ont été tués entre 1996 et 1998. Dans le parc national de Garamba situé le long de la frontière avec le Soudan, les éléphants ont chuté d’environ 11.000 en 1995 à 1.400 en 2003. Les membres armés de la Sudan People’s Liberation Army (SPLA) y prélèvent de l’ivoire pour acheter des armes.
2- D’autre part, la reprise partielle du commerce international de l’ivoire décidée par la CITES à Harare en 1997 sous la pression du Président Mugabe a été perçue comme une reprise globale des échanges et a eu des répercussions négatives pour les éléphants sur l’ensemble du continent africain. Au Sénégal où plus aucun éléphant n’a été vu depuis 2001 et où il est interdit d’importer de l’ivoire, 30 points de vente en proposent aux touristes, diplomates, militaires, personnels des Nations-Unies et d’organisations non-gouvernementales qui souhaitent apporter leur contribution au trafic international de l’ivoire. La proposition kenyane souligne d’ailleurs la nécessité d’enrayer les marchés intérieurs non-contrôlés.
La double peine infligée aux éléphants par la reprise du commerce de l’ivoire et la reprise des guerres panafricaines appelle effectivement le recours au principe de précaution.
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