Dans le cadre de l’adaptation de la flottille de pêche à la politique européenne, plusieurs centaines de bateaux vont être détruits en France d’ici à la fin de l’année. Chaque propriétaire reçoit de la part de l’Etat français et de l’Union européenne une prime substantielle qui peut atteindre 600.000 €. La prime est calculée en fonction de l’âge du navire, de sa taille, du type et du quota de pêche, de la puissance du moteur et son versement est seulement assujetti à la preuve de la destruction ou de l’incapacité définitive à naviguer.
Or, des bateaux sont cassés à la pelleteuse en 1 h dans le fracas et dans la poussière sans extraction préalable et tri dans des bennes des plastiques, des équipements électriques, des batteries et accumulateurs, des calorifugeages, sans purge des canalisations, sans vidange totale des hydrocarbures. Les sites de déchiquetage vont devenir des sites pollués puis les bassins portuaires et les sédiments ; la toxicité des boues de dragages sera aggravée. Ces abattages sommaires sont dignes de la baie d’Alang, du Pakistan, ou du Bangladesh.
Robin des Bois va demander au Ministre des Pêches et de l’Agriculture qui reçoit les organisations de protection de l’environnement le jeudi 11 septembre d’imposer de toute urgence des modalités de déconstruction des navires de pêche conformes à la réglementation française et européenne sur le recyclage et l’élimination des déchets. Un protocole de déconstruction basé sur le diagnostic amiante, le diagnostic PCB, l’extraction préalable et le regroupement de tous les matériaux toxiques, la protection des travailleurs et de l’environnement doit être d’urgence imposé. Ce qui est exigé pour les Véhicules Hors d’Usage doit l’être pour les Bateaux Hors d’Usage. La « prime à la casse » ne doit être versée qu’après la délivrance d’une attestation de déconstruction en bonne et due forme. Les mesures financières compensatoires accordées aux patrons pêcheurs par l’Europe et la France ne doivent pas être considérées comme des droits à polluer.
Un plan Alang suite – 12 septembre 2008
Hier au cours de la réunion ONG/ Ministère des Pêches et de l’Agriculture, Michel Barnier par ailleurs ex-Ministre de l’environnement s’est déclaré étonné par les modalités de déconstruction des navires de pêche. Précisant que 180 bateaux étaient concernés par le plan de retrait de flotte, il a ajouté que le versement des primes ne devait être effectué qu’après démonstration d’une démolition soucieuse de l’environnement. Une enquête auprès de ses services est diligentée à ce sujet.
Il reste à constater comment les opérations vont se dérouler sur les quais.
+ Thon rouge:
Comme il l’a déjà fait au groupe biodiversité Grenelle, auprès du Ministre en charge de l’écologie et auprès du Comité National des Pêches, Robin des Bois a dans la même réunion préconisé l’inscription des populations de thon rouge aux annexes de la CITES, rappelant qu’une telle proposition avait déjà été faite à Kyoto en 1992 par la Suède fondée sur les constats scientifiques de l’ICCAT et retirée face aux réactions du Japon.