Robin des Bois a écrit le 18 octobre dernier au Président de la République, au Premier Ministre, au Ministre de l’Environnement, au Ministre de l’Emploi et au Ministre des Transports pour demander une nouvelle fois qu’une étude globale des risques soit réalisée pour la zone de Port 2000, incluse dans le périmètre de l’effet thermique (boil over) du stockage pétrolier de la Compagnie Industrielle Maritime -CIM-. Malgré les déclarations consécutives à la catastrophe de Toulouse, l’État est resté muet à ces courriers ainsi qu’aux interpellations émises durant les débats régionaux de Basse et Haute-Normandie et le débat national sur les risques industriels. La CIM, qui sera coincée entre le nouveau port et le port existant, est soumise à la directive Seveso II. Cette directive dispose en outre que les installations portuaires, les pipelines, et les gares de triages peuvent être assimilés à des installations dangereuses. Le Port Autonome du Havre a annoncé la semaine dernière qu’une étude serait disponible “courant 2002”.
En attendant les catastrophes maritimes et industrielles du futur, le déminage en mer continue. Initialement prévu pour être terminée en juillet-août 2001, l’opération s’éternise sans qu’il soit possible de connaître le nombre exact de munitions extraites du futur chenal. Au-delà de la dizaine d’opérations annoncées par voie de presse, le Ministère des Transports déclarait en juin dernier devant le Conseil d’Etat que 56 munitions avaient été traitées depuis octobre 2000, tandis que devant la Commission des Lois du Sénat, lors de l’audition “Une question vitale en instance depuis 80 ans: le déminage” le sénateur Gelard déclarait: “En 2000, au Havre, nous avons dû déminer 600 engins de guerre. En l’occurrence, la Marine Nationale s’en occupe”.
Quoi qu’il en soit, le Ministère de la Défense ne veut pas être tenu responsable si une munition oubliée dans la vase venait à péter sous le nez des dragueuses et de leurs équipages. Le Cabinet du Ministre de la défense vient de nous répondre clairement: “Selon les termes du protocole, le Ministère de la défense est responsable des dommages causés lors des opérations de déminage. Les dommages éventuels liés au dragage et au désenfouissement restent à la charge du port autonome du Havre”; ce même port très autonome qui n’a pas informé préalablement la population des risques du déminage pour la ville et les installations portuaires, qui n’avait pas intégré cette opération dans son échéancier et dans son budget, et qui s’apprête à demander un certificat partiel de dépollution pyrotechnique alors que le Conseil d’État a suspendu les arrêtés autorisant Port 2000 sur les zones soumises au déminage, tant que la destruction totale des engins de guerre n’aura pas été dûment constatée. En cas de dommage causé à un tiers, la responsabilité solidaire du ministère de la défense pourrait cependant être engagée.
Le Port Autonome se complaît dans ses mauvaises habitudes et sa précipitation, et il voudrait que l’histoire se répète avec le déminage terrestre nécessaire au creusement des futures darses, à 400 mètres des premiers bacs de la CIM. Le Préfet de Seine-Maritime nous l’a confirmé dans un courrier du 11 décembre: “En ce qui concerne le chantier de déminage à terre, celui-ci n’en est qu’au début des investigations, c’est pourquoi les documents administratifs s’y rapportant ne sont donc pas encore établis et les procédures non définies”. A terre, la reconnaissance des engins de guerre a commencé en août 2001.
Quoi qu’en disent ses promoteurs, Port 2000 est encore dans le brouillard et les écueils.