Dominique Jamet, président de l’Etablissement Public de la Bibliothèque et Dominique Perrault, architecte, font de la provocation.
Au fur et à mesure que les quatre tours de béton culturel s’enfoncent dans le ciel acide de Paris, le fossé se creuse entre eux et les écologistes. M. Jamet, écrivain, journaliste et historien, ne voit dans l’utilisation intensive des bois tropicaux dans et autour de la Bibliothèque de France qu’un “détail”.
Un “détail” qui nous choque depuis l’automne 92 quand, dans le sillage du “Sommet de Rio” et les remous de la corruption brésilienne, il a été benoîtement annoncé que l’esplanade de la Bibliothèque Nationale serait en ipé, une essence amazonienne.
Aussitôt, avec nos confrères du W.W.F. France, nous avons lancé une campagne de pétitions, de protestations, auxquelles Monsieur Lang n’a pas eu le temps de répondre.
Rencontré en décembre 1992, Monsieur Dominique Jamet promu expert forestier et fort des encouragements de l’Association Technique Internationale des Bois Tropicaux, qui n’est rien d’autre qu’une organisation de promoteurs du commerce des bois tropicaux, nous expliqua que l’ipé bénéficierait d’un abattage sélectif, que l’arrachage des 500 arbres ne serait qu’une goutte d’eau dans l’océan mondial de l’exploitation des forêts, que l’ipé était très dur, résistant à l’humidité, qu’il correspondait miraculeusement aux exigences de l’architecte soucieux d’introduire “une douceur naturelle” dans le projet, et qu’en plus l’ipé était d’un rapport qualité / prix correspondant tout à fait au budget.
Monsieur Jamet affirmait qu’il n’y aurait pas de bois tropical à l’intérieur de la bibliothèque. Cette information n’était pas pour nous un “détail” mais elle était fausse. Tous les vitrages des sept premiers étages des quatre tours seront doublés à l’intérieur par des volets d’okoumé du Gabon.
Le lobby des bois tropicaux, qui gémit depuis des années sous le joug du boycott de la communauté écologiste, a cru trouver dans la Bibliothèque Nationale un prestigieux outil de promotion.
Nous en ferons son chemin de croix et Robin des Bois lance aujourd’hui une campagne internationale pour la radiation de l’ipé et de l’okoumé du chantier de la Très Haute Bibliothèque de France.
Imprimer cet article
