Le bombardement les 13-15 juillet 2006 de la centrale électrique de Jiyeh au sud de Beyrouth et au bord de la Méditerranée a provoqué une marée noire importante sur la côte libanaise. Le ramassage des déchets a posé de nombreux problèmes techniques dus en particulier au mélange des hydrocarbures avec une forte densité de macrodéchets. Des difficultés ont été rencontrées pour séparer les catégories de déchets, pour mobiliser la quantité nécessaire de conteneurs et autres emballages étanches, pour désigner et implanter des stockages temporaires et pour planifier une gestion à long terme intégrant l’élimination des résidus de la marée noire. Cette situation a été constatée par l’association Robin des Bois en tant que membre d’une mission d’expertise du GEIDE post-catastrophe (Groupement d’Expertise et d’Intervention DEchets post-catastrophe). Cette mission a eu lieu en octobre 2006 et la Présidence de la République, le Ministère de l’Ecologie, le Ministère des Affaires Etrangères, et le Secrétariat Général à la Mer ont été destinataires du rapport de mission GEIDE Liban*.
Trois ans après, les déchets liquides et solides font toujours l’objet de stockages précaires dans les raffineries désaffectées de Tripoli (nord-Liban) et Zahrani (sud-Liban) ainsi qu’à la décharge de Bsalleem. La quantité et la qualité des déchets sont mal connues et les conteneurs de stockage qui ne devaient être que provisoires commencent à fuir. Le cumul pourrait atteindre 5.000 t. Le Ministère de l’Environnement du Liban fait état d’autres sites de stockage sur l’emprise même de la centrale électrique bombardée, sur le site de l’usine de verre Soliver qui ne devait pourtant recevoir que les fractions liquides et sur les différents sites de nettoyage. En dépit de l’annonce de la fin des opérations de nettoyage, des déchets souillés en conteneurs ou même en sacs viennent d’être découverts sur le littoral proche de Jiyeh.
En conséquence, l’association Robin des Bois propose que l’Union Pour la Méditerranée fasse un pas pour aider le Liban à résoudre ce problème environnemental dont les retours d’expérience divers montrent qu’avec le temps il ne fait que s’aggraver, le compartiment aquatique et le compartiment marin étant en général les premiers pénalisés. Les risques sanitaires pour les populations s’ensuivent à cause de la contamination des chaînes alimentaires. Outre une nouvelle éventuelle expertise du CEDRE (Centre de Documentation, de Recherche et d’Expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) il est urgent pour les pays membres de l’UPM qui en ont les moyens techniques de prendre en charge et d’éliminer les déchets de la marée noire au Liban dans le cadre d’accords particuliers avec les industriels, de la convention de Bale et avec si possible les contributions financières de tous les pays impliqués.
Robin des Bois a déjà émis cette suggestion en automne 2006 aux autorités françaises et à la Présidence ; maintenant ce n’est plus une suggestion, c’est une urgence. En plus de ce communiqué de presse, des courriers sont envoyés en ce sens à l’Elysée et au Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer.
En lien : courrier à la Présidence et au Ministère de l’Ecologie
(*) voir le rapport du GEIDE “Déchets post-catastrophe : risques sanitaires et environnementaux”
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