Le port de Brest a hérité en avril 2000 d’un bateau letton en avarie, de 3300 tonnes de blé et de 15 marins étrangers. Le blé a été déchargé, les marins reconduits. Reste le Victor, 102 mètres de métaux à récupérer, de pyralène et d’amiante à mettre hors d’état de nuire.
Encore une fois, l’Etat français et ses services fiscaux vendent aux enchères une épave, prêts à accepter les espèces ou le chèque d’un véreux représentant d’une société éphémère basée au Liberia ou off-shore. Instruite par les exemples du Tango D (ex-Kifangondo), du R Jupiter (ex Oscar Jupiter) et du Tom T (ex Han), l’association Robin des Bois demande au gouvernement français de ne plus être complice de la mafia des bateaux – poubelles, ces forbans du 21 ème siècle qui abondent le fonds mondial des rafiots pourris engagés dans les trafics illicites d’armes, de marchandises volées, ou de réfugiés.
En cédant de tels cargos à de tels armateurs – récupérateurs souvent liés à de prétendus chantiers de démolition de navires, la France, uniquement soucieuse de libérer ses quais, est complice de l’insécurité et de la précarité qui règnent sur l’océan mondial.
Quant à “l’océanisation” – c’est-à-dire le pétardage et le naufrage prémédité du Victor par la Marine Nationale – elle est aussi inadmissible. On n’envoie pas de poubelle à la mer, c’est interdit par l’Organisation Maritime Internationale, sauf urgence absolue, et s’il n’y a pas à terre les moyens disponibles. La France en détruisant furtivement en 3 jours l’Île du Ponant sur une plage d’échouage de Saint-Nazaire a montré qu’elle savait démonter un navire quand elle le juge nécessaire. Le Victor est 3 fois plus long que l’ex-caboteur. Il peut être détruit en 3 semaines et ses métaux ferreux et non-ferreux valorisés dans les fonderies bretonnes ou les aciéries.
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